L’Amérique m'inquiète

Je connaissais le Jean-Paul Dubois romancier et j’ai découvert le chroniqueur / journaliste. Le point commun entre les deux ? Une écriture qui coule toute seule et un petit côté facétieux bien sympathique. Dans les années 90-2000 il a sillonné les États-Unis. Ses chroniques ont été publiées par Le Nouvel Observateur et rassemblées ici en une seul volume qui constitue une sorte d’intégrale regroupant L’Amérique m’inquiète et Jusque-là tout allait bien en Amérique....

Trust

Je ne dois pas avoir d’affinités avec les lauréats du prix Pulitzer. Je suis complètement passé à côté de ce livre, mais j’ai pu constater en lisant des critiques que je n’étais pas le seul. C’est le genre de roman clivant que l’on adore – en criant au génie – ou que l’on déteste – en criant à l’arnaque. Tout d’abord je n’aime pas trop les livres “à procédés” et celui-ci en est indéniablement un....

Normal People

C’est le troisième roman de Sally Rooney que je lis, certainement le plus connu et pourtant certainement pas le meilleur. Il tire sa notoriété de son adaptation en série télé. Il faut dire qu’une histoire d’amour un peu chaude entre deux étudiants sur fond de transfuge de classe était manifestement une aubaine pour les producteurs. La série est certainement plus spectaculaire – je ne sais pas pourquoi, mais les producteurs ont tendance à mettre en avant les scènes de sexe – que le livre qui reste un campus novel somme toute très classique, sa seule singularité résidant dans l’évolution sociale des deux amants....

Où es-tu, monde admirable ?

Je poursuis – et termine pour l’instant – ma période Sally Rooney en enchaînant après la lecture de Conversations entre amis, celle de son dernier livre, Où es-tu monde admirable ?. Il sont à la fois similaires et bien différents. Du coté des similitudes, on retrouve le quatuor de personnages, l’amitié à la frontière de l’amour et du sexe, le personnage de l’écrivaine, la génération des personnages et l’époque dans laquelle ils vivent....

Conversations entre amis

Nous avions élaboré une blague là-dessus, qui pour tout le monde – à commencer par nous – était incompréhensible. Qu’est-ce donc vraiment qu’un ami ? Demandait-on avec humour. Qu’est-ce donc vraiment qu’une conversation ? J’ai aimé ce roman d’une façon irrationnelle. Je ne suis pourtant pas le coeur de cible – je ne parle que de l’âge – et pourtant j’ai été sensible à tous les personnages qui composent ce quatuor amoureux très intellectuel....

Trente ans et des poussières

Trente ans et des poussières et pas une ride – je dis ça car le livre a lui aussi désormais trente ans et des poussières (1992). Le tout début correspond exactement à ce à quoi je m’attendais. Les années 80, ça sent la cigarette et l’alcool, c’est revigorant, la vie décadente – on est assez loin du healthy des années 2020. La soirée se brisa en petits morceaux, mosaïque d’éclats brillants aux formes bizarres coagulés par l’alcool....

Les Furies

Lauren Groff est une romancière américaine. Les Furies est l’un de ses romans les plus connus. Il est consacré à une histoire d’amour. Jusqu’ici rien de bien original. Sa particularité est qu’il est tourné sur le fond et sur la forme vers le théâtre et plus précisément vers la tragédie. Le roman est prenant, Lauren Groff joue avec le lecteur en lançant des fausses pistes – souvent et avec ce contre-pied elle semble nous dire “voilà la voie que j’aurais pu suivre si j’avais été une romancière conventionnelle”....

Blizzard

Blizzard est un premier roman et une belle petite réussite. Pourtant, j’avais de quoi à être sceptique après avoir croisé les sempiternelles “jointures qui blanchissent” après seulement une trentaine de pages. […] je me tiens à la rampe de l’escalier du plus fort que je peux, pour ne pas tomber, je la serre jusqu’à blanchir les jointures de mes mains. L’intrigue se déroule dans les grands espaces de l’Alaska, mais est paradoxalement très resserrée, presque anxiogène par son ambiance....

Lake Success

Il s’agit de mon premier livre de Gary Shteyngart. Et j’ai été agréablement surpris. Ce livre ressemble par certains côtés au bûcher des vanités de Tom Wolfe. Les dérives de la finance, le drame personnel, l’histoire d’amour, le tout sur fond de déchéance des États-Unis couronnée par l’élection de Donald Trump. Quand c’est dur avec ma famille, j’aime regarder Trump, parce qu’il me distrait. Quoi qu’il m’arrive à titre personnel, il y a une catastrophe en train de se produire à plus grande échelle....

Des raisons de se plaindre

La quatrième de couverture donne – pour une fois – une indication intéressante ne gâchant pas le plaisir de lecture. La gent masculine, voilà le sujet des nouvelles qui composent Des raisons de se plaindre. Leur petites lâchetés, leur mauvaise foi, leurs erreurs et leurs errances. Leurs soucis d’argent, leurs peines de coeur et leur compétition sexuelle… mais aussi leur charme, leur maladresse. On n’aimerait pas forcément croiser ces personnages dans la vraie vie....

Phénomènes naturels

Il y a toujours un peu de méfiance lorsqu’un ouvrage publié en 1992 n’est traduit que plus de 25 ans après. Cette méfiance est encore plus légitime lorsqu’il s’agit d’un des auteurs les plus bankable d’une maison d’édition, auteur de nombreux best sellers: Jonathan Franzen. Deuxième alerte, j’avais entendu des critiques pas très positives qui pointaient l’une des erreurs les plus répandues chez les jeunes auteurs – Franzen était un jeune auteur à l’époque même si on peine à l’imaginer – le fait de mettre trop de choses dans ses romans, autrement dit d’en faire trop ou de vouloir trop en faire....

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Je vous demande alors de conserver à l’esprit cette phrase toute simple que je tiens de mon père et qu’il utilisait pour minorer les fautes de chacun: “Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon.” Que Dieu, s’il vous voit, vous bénisse. Tous les livres de Jean-Paul Dubois ne se valent pas. Celui-ci n’est pas un mauvais livre, loin de là, mais j’ai été surpris d’apprendre qu’il figurait dans la liste du Goncourt 2019 et que les journalistes spécialisés le considéraient comme un candidat sérieux....

Freedom

Pour moi Freedom est l’archétype du roman américain moderne. Ce n’est pas un hasard puisque Jonathan Franzen est un des plus grands représentant de cette littérature. Il dépeint dans ses livres de larges fresques représentant la société actuelle, celle qu’il connaît, il décrit le monde dans lequel il vit et c’est ce que les écrivains ont toujours fait de mieux. Si le roman du mariage, d’un autre grand écrivain américain Jeffrey Eugenides, contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre est plus un campus novel qu’un wedding novel, Freedom est par contre un modèle du genre....

Le cas Sneijder

Le cas Sneijder me fait beaucoup penser à un autre livre de Jean-Paul Dubois que j’avais bien apprécié: Kennedy et moi. Avec le temps et les souvenirs qui se sont émoussés, je les prendrais presque pour des clones. Sans aller jusqu’à là, je pense qu’ils ont beaucoup de points communs. Les narrateurs et personnages principaux des deux livres se ressemblent, Le ton, sorte de mélange très réussi entre de l’humour de la mélancolie et du cynisme – le livre vaut d’être lu rien que pour ça, L’épouse du narrateur et leurs jumeaux sont les mêmes ou presque – des emmerdeurs de première, La présence d’une montre, L’omniprésence de la dépression....

Le roman du mariage

J’avais entendu des critiques très mitigées à propos du dernier roman de Jeffrey Eugenides. N’ayant pas lu les précédents – j’ai seulement vu l’adaptation cinématographique, à la superbe BO, de Virgin Suicides –, je n’avais pas d’a priori au sujet de cet auteur. A ma grande surprise, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Il y a même bien longtemps que je n’avais pas autant apprécié un livre. Je vais donc m’atteler à la difficile tâche d’en parler – j’ai toujours un blocage lorsque j’ai beaucoup aimé un livre....