Cabane

Les romanciers s’emparent volontiers des sujets qui font l’actualité. L’écologie en est un dont on ne parle certainement pas assez. Après Humus de Gaspard Koenig qui s’intéressait à l’agronomie, Abel Quentin revient à l’origine, à ceux qui très tôt avaient prévu la catastrophe, les lointains ancêtres des membres du GIEC. Il était effarant de lire un livre vieux de cinquante ans qui disait tout. Tout figure en effet dans le rapport Meadows1....

Bien-être

Le bien-être c’est le Graal pour toutes les personnes ayant déjà assouvi leurs besoins se trouvant au bas de la pyramide de Maslow. Pour y parvenir, la route est semée d’embuches et de fausses pistes. Nathan Hill parvient à saisir les dérives de notre époque avec une touche d’humour sarcastique. Il effectue une radiographie ou plutôt une autopsie du couple monogame occidental dans un roman dont l’intrigue se déroule sur une période relativement courte, mais qui revient abondamment dans le passé....

Wayward Pines 1

J’aurais du me méfier de cette phrase promotionnelle figurant sur la quatrième de couverture. Les fans de Stephen King, Peter Straub ou F. Paul Wilson vont adorer ce thriller complètement captivant. Je ne suis pas un grand fan du maître de l’horreur, mais je pense que ce Wayward Pines est quelques crans en dessous de sa production moyenne. La comparaison n’est certainement pas anodine puisque l’on pourrait trouver des points communs avec Dôme1....

Intermezzo

Le roman de Sally Rooney gravite entre des pôles soumis à des mécanismes d’attraction / répulsion. Ces deux pôles sont deux frères, le plus jeune est un champion d’échecs et le plus âgé avocat. Les relations amoureuses sont au coeur du livre – on est bien chez Sally Rooney –, mais peut-être un peu moins que dans ses précédents romans, au profit des relations familiales. L’expression est éculée, mais j’ai envie de l’écrire quand même, ce roman ressemble à celui de la maturité....

Oleg

J’avais adoré Aâma, mais apprécié sans plus L’Homme gribouillé de Frederik Peeters. Il y a toutefois une constance, la qualité des dessins et c’est peut-être encore plus vrai ici, dans Oleg. Il revient au noir et blanc comme dans Koma et on n’en apprécie que plus son trait précis et minutieux. Son talent dans le domaine graphique est énorme, difficile de ne pas le reconnaître en lisant cet album. Dans cet album autobiographique – ou autofictionnel – il reprend le thème éculé de l’auteur en panne d’inspiration, mais il en fait quelque chose de très fort....

6 déc. 2024 ·  BD  ♥

Millenium T1

Je ne sais pas ni pourquoi ni comment – certainement l’esprit de contradiction – j’avais échappé à vague d’enthousiasme qui a touché la France lorsque Actes Sud a publié la trilogie de Stieg Larsson. Le fait est qu’une vingtaine d’années plus tard, en quête d’un bon polar, je me suis dit “pourquoi pas” et je n’ai pas été déçu. On entre vite dans l’histoire et la lecture est plaisante, le roman est peut-être un peu long – mais c’est un mauvais reproche....

T’zée

Je suis le travail de Brüno depuis ses débuts avec des BD comme Nemo ou Inner City Blues. Son dessin au fil des années a conservé ses caractéristiques que l’on pourrait résumer à un style minimaliste et un peu abstrait avec des personnages qui ont de vraies gueules, pour le dire simplement on sait tout de suite qu’il est l’auteur d’un dessin. Dans cette nouvelle parution, son dessin s’est affiné tout en conservant son style caractéristique, si on ajoute à cela une palette de couleur choisie avec goût, le résultat est splendide....

27 nov. 2024 ·  BD  ♥

Le jeu de la dame

Dans notre monde abreuvé de contenus vidéos, il existe encore des personnes – certainement des masochistes, dont je fais partie – qui préfèrent la lecture au visionnage d’une adaptation en série télé – si réussie soit-elle. Et c’est une bonne nouvelle car, si j’en crois le nombre d’avis sur le livre, le groupe des lecteurs est important – ils faut aussi comptabiliser celles et ceux qui se sont intéressés au livre après avoir vu la série....

L’Amérique m'inquiète

Je connaissais le Jean-Paul Dubois romancier et j’ai découvert le chroniqueur / journaliste. Le point commun entre les deux ? Une écriture qui coule toute seule et un petit côté facétieux bien sympathique. Dans les années 90-2000 il a sillonné les États-Unis. Ses chroniques ont été publiées par Le Nouvel Observateur et rassemblées ici en une seul volume qui constitue une sorte d’intégrale regroupant L’Amérique m’inquiète et Jusque-là tout allait bien en Amérique....

Testosterror

Bienvenue à Beauf Land. Tous les attributs du mâle alpha de ce début du XXIème siècle sont là. La bagnole, le barbecue, la salle de sport, les magasins de sport, sans oublier évidemment le sacro-saint apéro – le barbecue restant le dernier bastion de la masculinité. Mais, oh malheur, une épidémie aussi contagieuse que le COVID s’attaque aux attributs viril de ces messieurs, une variante des oreillons qui entraîne un éléphantiasis des parties intimes....

9 nov. 2024 ·  BD

Anonymous

[…] refus de laisser l’État espionner ses citoyens, refus de laisser la grande entreprise marchandiser les communications personnelles et manipuler les désirs des gens, refus de tirer profit du travail d’autrui … des refus qui visent essentiellement à empêcher une idée formidable de s’évanouir: nous sommes anonymes et avons le droit de l’être. Gabriella Coleman est une ethnologue dont la spécialité est le cyberactivisme. Elle s’est donc intéressée – de très près – au groupe de hackers Anonymous qui est connu du grand public grâce à leur principal signe distinctif, le masque de Guy Fawkes porté par V, le héros anarchiste de V pour Vendetta1....

La Cité perdue de Z

Ce livre est empreint de nostalgie. Celle des explorateurs de l’époque victorienne les Livingstone, Stanley – que j’avais déjà croisés dans Congo – ou encore Shackleton qui fait une apparition dans ce livre au côté de celui qui est au centre du récit et qui sera peut-être le dernier de cette époque, le colonel (lieutenant-colonel) Fawcett. Après eux, les explorations n’auront plus la même saveur, non seulement il y aura de moins en moins de terres vierges à découvrir, mais les techniques employées ne seront plus les mêmes – aujourd’hui les satellites sont les nouveaux explorateurs....

La Distinction

Je n’ai pas étudié la sociologie à l’école et la découverte de cette BD me le fait regretter. Je connaissais évidemment les classes sociales, et observé attentivement la transformation du transfuge de classe Edouard Louis dans En finir avec Eddy Bellegueule, mais je dois avouer que je n’avais jamais réalisé à quel point nos goûts et nos comportements étaient assujettis à notre appartenance à une classe sociale. La BD se dit librement inspirée du livre éponyme de Pierre Bourdieu et c’est le cas puisque Tiphaine Rivière – dont le prénom donne un indice sur sa classe sociale – développe sa propre histoire qui prend sa source au sein d’une salle de classe d’un lycée, l’un des rares lieux où les élèves de différentes classes sociales se mêlent, travaillent ensemble et tissent des relations avant de rejoindre définitivement à l’âge adulte leur classe sociale de destination....

24 oct. 2024 ·  BD  ♥

Rocky, dernier rivage

Un rêve de survivaliste. Une maison isolée sur une île bénéficiant de tout le confort moderne du jacuzzi en passant par le home cinema alimenté par des pétaoctets de films, de musique et de livres électroniques sans oublier de la nourriture et de l’alcool en quantité suffisante pour tenir plusieurs années. Un privilège réservé aux ultra-riches comme Fred qui a pu se payer cette prestation incluant le transport sur place alors que l’humanité était à l’aube de l’extinction....

Mafalda, mon héroïne

Une BD pour célébrer les 60 ans de Mafalda (première publication en 1964), quelle bonne idée. Je ne connais pas bien le personnage – elle m’évoque surtout les cours d’espagnol au collège –, c’est donc l’occasion de (re)découvrir son univers. Cet hommage est exclusivement rendu par des femmes et ce n’est pas un hasard puisque à l’époque de Quino, son papa, les héroïnes n’étaient pas légion et les autrices encore moins....

10 oct. 2024 ·  BD

Shiki

Rosalie Stroesser n’est pas la première à raconter en BD son expérience au Japon, je pense par exemple à Manabé Shima – beaucoup plus riant et léger – ou aux Cahiers japonais – beaucoup plus techniques. Mais ce récit se distingue par un sentiment contrasté qu’elle exprime elle-même très bien dès le début du livre. Comment évoquer cette relation particulière, toute en contradictions, que j’ai développée avec le Japon ? Ce mélange d’attirance et de rejet, cette fascination mêlée d’incompréhension....

6 oct. 2024 ·  BD

La stratégie des antilopes

Une cohorte de prisonnier quitte la prison de Rilima après sept années de captivité. Il [un communiqué présidentiel diffusé à la radio] annonçait la libération d’une première vague de quarante mille détenus, tous de grands tueurs condamnés pour génocide, dans six pénitenciers à travers le pays. Plusieurs années après les événements qu’il a raconté dans ses deux précédents livres (Une saison de machettes et Dans le nu de la vie), Jean Hatzfeld a souhaité revenir sur le territoire du génocide pour rendre compte de la réintégration des génocidaires dans la société rwandaise....

Powers T1

Un petit revival, ça fait du bien de temps en temps. Cette fois j’ai jeté mon dévolu sur Powers – j’ai une édition Semic qui tombe en lambeaux. C’était l’époque des crossovers entre l’univers des super-héros et celui du polar. Les scénaristes avaient peut-être le désir d’ajouter de la crédibilité et d’encrer leurs histoires d’encapés en ajoutant une bonne dose de flics et c’est pas les références qui manquent puisque ce registre a rempli des étagères de littérature américaines et a donné naissance à des heures et des heures de séries télé....

21 sept. 2024 ·  BD

La Fabrique du monstre

Ce livre sur la ville de Marseille s’articule en deux parties bien distinctes, mais reliées fermement dans un rapport cause / conséquence. La première est consacrée aux quartiers nord de la ville, à la misère et à la délinquance. La deuxième à la politique de la ville pendant l’ère Gaudin / Guérini qui a été catastrophique sur le plan de l’urbanisme et qui a contribué à détourner des fonds publics et / ou à blanchir de l’argent en collaboration avec le grand banditisme et les promoteurs immobiliers – je ne les mets pas dans le même sac....

L’Affaire Thomas Royer

Je ne lis pas habituellement ce type de romans. Je le dis sans prétention ni volonté de dénigrer le genre, c’est un fait et pourtant j’ai bien apprécié. La lecture est aisée, l’écriture est claire et efficace et on avance très rapidement dans la roman. Les ficelles sont un peu grosses, mais je dois reconnaître que ça marche – au moins sur moi. Voilà pour la forme, mais sur le fond, où l’auteur veut-il en venir ?...