Le titre, dans sa traduction française, aurait pu être mis au pluriel puisqu’il est question de plusieurs environnements toxiques. Celui des sables bitumeux d’où est extrait le pétrole et celui créé par les hommes qui les exploitent. Kate Beaton a travaillé plusieurs années pour des entreprises du secteur afin de rembourser son prêt étudiant dans les délais impartis. De cette expérience difficile, elle tiré ce récit autobiographique en bande dessinée. On y voit en grande majorité des hommes et quelques femmes déracinés travaillant loin de chez eux au sein d’un environnement hostile dans des conditions spartiates qui essaient de vivre ensemble. Mais, pour les rares femmes, c’est encore plus difficile car elles subissent au mieux des remarques sexistes au pire des agressions sexuelles de la part de leur collègues masculins. En plus de ce constat, l’artiste en devenir va prendre petit à petit conscience de l’impact écologique de l’activité d’extraction, ce qui ajoute encore à son malaise.
Je ne peux pas vous faire la liste de tout ce que j’ai supporté dans ce boulot.
On a du mal à lâcher cette grosse BD, ce huis clos au sein d’une entreprise est très prenant et le premier degré utilisé pour raconter cette expérience n’y est certainement pas étranger. Dans cet univers très particulier on peut imaginer que ce type de comportements est exacerbé, mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’ils existent, à des degrés divers, dans d’autres contextes et qu’ils sont tout simplement inacceptables. Une lecture que je recommande sans réserve.
Kate Beaton. Environnement toxique. Traduit par Alice Marchand, Casterman, 2023.