Je connaissais le Jean-Paul Dubois romancier et j’ai découvert le chroniqueur / journaliste. Le point commun entre les deux ? Une écriture qui coule toute seule et un petit côté facétieux bien sympathique. Dans les années 90-2000 il a sillonné les États-Unis. Ses chroniques ont été publiées par Le Nouvel Observateur et rassemblées ici en une seul volume qui constitue une sorte d’intégrale regroupant L’Amérique m’inquiète et Jusque-là tout allait bien en Amérique. Ce livre est donc au journalisme ce que le recueil de nouvelles est au roman.
Les chroniques sont classées par thème et traitent globalement de tout ce qui peut constituer une source d’étonnement pour le journaliste ou le lecteur européen. La démesure sous toutes ses formes avec quelques sujets de prédilection comme l’univers carcéral et la peine de mort – on peut y voir des sources d’inspiration notamment pour son roman Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon et c’est d’ailleurs le titre de l’une des nouvelles –, le jeu et son temple Las Vegas, des faits-divers et quelques pépites comme l’article sur les pelouses véritables marqueurs de cette société.
En lisant ces textes qui ont entre vingt et trente ans, comment ne pas trouver les inquiétudes de l’auteur bien légitimes. Elles préfigurent clairement l’avénement des années Trump – sa récente réélection ne laisse plus de place au doute.
Si on le lui demande, comme cela a failli d’ailleurs être le cas l’an dernier, il doit être capable de se rendre à Washington pour faire son devoir c’est-à-dire “mettre le Congrès en état d’arrestation”.
Une plongée bien agréable, quelques années en arrière, dans une Amérique qui exerce depuis longtemps un sentiment ambiguë entre fascination et dégoût.
Jean-Paul Dubois. L’Amérique m’inquiète et autres récits. L’Olivier, 2017.