E.1027 n’est pas le nom d’un colorant alimentaire, mais d’une villa située à Roquebrune, non loin de Menton.

Elle a été construite entre 1926 et 1929 par Eileen Gray, une architecte et designer irlandaise, et Jean Badovici, un architecte roumain. Deux amis et amants qui combinèrent leurs initiales cryptées pour baptiser la villa, dont le nom sonne comme un rendez-vous secret: E pour Eileen, 10 (la 10ème lettre de l’alphabet) pour le J de Jean, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray.

Cette BD d’Agnès Hostache est une adaptation du roman Tout un monde lointain de Célia Houdart. Elle tourne autour de la célèbre villa et mêle architecture et passage de relais entre les générations puisqu’elle met en scène la rencontre entre une décoratrice âgée amoureuse du lieu et qui souhaite l’acquérir et un couple d’artistes qui l’occupent illégalement – plus prosaïquement, ils squattent.

Peu de monde le savait, et pour ceux qui le savaient, c’était comme un secret bien gardé: cette porte permettait d’accéder en passant sous des arceaux de verdure et dans une odeur de feuilles d’agrumes et d’humidité à la maison Eileen Gray la villa E.1027.

Les dessins – ou plutôt les peintures – sont splendides, de la couleur directe chatoyante qui évoque à la perfection le temps des vacances sur la côté d’Azur. On sent l’odeur des figuiers et la fraîcheur de la Méditerranée. C’est une oeuvre d’ambiance plus que de scénario, un petit bijou inclassable qu’il faut savoir apprécier comme un long après-midi oisif.


Célia Houdart & Agnès Hostache. [E.1027 - Tout un monde lointain][Ø]. Le Lézard Noir, 2023.