Richard … Vous voulez en dire du mal ou du bien ? Parce qu’il y a matière à en faire un démon ou un saint, vous savez !
Richie est le surnom affectueux que donnait les étudiants de Sciences Po à leur directeur bien aimé Richard Descoings. Jamais on a avait vu directeur d’école adulé comme une rock star et il y avait des raisons à cet amour. Homosexuel et militant de la première heure pour l’association AIDES, il était un fêtard invétéré. Un profil atypique pour un haut fonctionnaire ayant fait Sciences Po et l’ENA qui passait ses nuits dans les boîtes mythiques de la capitale: Le Queen, Les Bains Douches, Le Palace – elles ont toutes fermées leur porte – qui troquait au petit matin son pantalon en cuir et son t-shirt contre un classique costume-cravate pour rejoindre une réunion au sein d’un cabinet ministériel. Mais être anticonformiste ne suffit pas à faire de vous une idole, surtout auprès d’une population aussi exigeante, il faut obtenir des résultats. Il a réformé profondément cette école ancrée dans la plus grande tradition française pour en faire une institution au rayonnement international sur le modèles des grandes universités anglo-saxonnes comme Oxford ou Harvard.
Raphaëlle Bacqué, grand reporter au journal Le Monde, raconte cette histoire qui sent le souffre avec brio. On se laisse guider pour se plonger avec plaisir dans cette fin de XXème siècle parisienne.
De son vivant, les personnages de cette comédie humaine avaient gardé le secret. Maintenant qu’il était mort, ils pouvaient enfin raconter son histoire.
On y croise de nombreux personnages, comme Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn ou encore Olivier Duhamel, qui faisait partie de la garde rapprochée du directeur – et qui se serait bien passé de devenir le personnage d’un autre livre, La Familia grande.
Raphaëlle Bacqué. Richie. Grasset, 2015.