Ce livre est plein de mauvais sentiments, il est malsain, toxique. Ne nous y trompons pas, il s’agit d’une oeuvre de fiction et ce que ressent le lecteur correspond certainement à l’effet recherché par l’auteur. Après Villa avec piscine, il s’agit du deuxième livre d’Herman Koch que je lis et c’est aussi la deuxième fois que son personnage principal me met mal à l’aise. La fiction est aussi là pour cette raison, pour nous bousculer, nous proposer d’autres choses, nous faire réfléchir et réagir, même si, comme ici, ce n’est pas toujours agréable.

J’ai regardé le proviseur. Cette teigne, qui croyait au réchauffement de la planète et au bannissement de toutes les guerres et à l’injustice, était selon toute vraisemblance aussi convaincue qu’on pouvait guérir les violeurs et les assassins en série ; qu’après des années de rabâchage avec un psychiatre on pouvait les laisser faire avec prudence leurs premiers pas pour se réintégrer dans la société.

La contrainte que s’est imposé l’auteur de faire tenir sa narration le temps d’un dîner, les sections du roman correspondant aux différents temps du repas – de l’apéritif au pourboire –, est plutôt une bonne chose même si elle n’est pas très exploitée et pourrait sembler artificielle. Ce roman m’a laissé un goût amer, je pense que je vais me tenir éloigné de l’auteur néerlandais pendant quelques temps au moins.


Herman Koch. Le dîner. Traduit par Isabelle Rosselin, 10 X 18, 2013.