Encore un livre que l’on doit à l’épidémie de COVID. À en croire Joann Sfar, c’est allongé sur son lit d’hôpital, sous oxygène, qu’il a débuté ce livre dans lequel il revient sur son adolescence qu’il a passé à Nice. Il s’attarde principalement sur deux choses, son père qui l’a élevé seul suite au décès de sa mère – il ne revient pas sur cet évènement. On découvre un homme séduisant et courageux, brillant avocat, qui s’essaya même à la politique alors que la ville était tenue par Jacques Médecin. La deuxième chose est le rapport du jeune Joann à la religion. Pas dans un sens spirituel, mais plutôt sociétal et politique.
C’est commode, de se dire que les victimes françaises du terrorisme sont un peu moins françaises lorsqu’elles sont juives.
Il semble avoir focalisé sa rage d’adolescent sur le combat contre l’antisémitisme qui est aussi celui de son père. Mais il a bien du mal à assouvir sa soif de vengeance.
Les bras vous en tombent. Vous rêvez d’un combat et il n’y a personne en face.
J’oubliais le grand-père, en le découvrant avec sa casquette de marin il m’a rappelé les personnages de Klezmer. Au final, je suis moins enthousiastes que d’autres – quand les BD autobiographiques remplissent les rayonnages et que l’auteur est l’un des meilleurs de sa génération, on a le droit de se montrer exigeants. Evidemment certaines parties sont intéressantes et offrent un éclairage nouveau sur l’oeuvre de Sfar, mais la narration est un peu trop délayée et semble parfois répétitive. On connait l’aisance que l’auteur a à écrire et à dessiner, un tout petit peu plus de concision aurait été bénéfique.
P.S.: Merci à Bichette et Chaton pour ce beau cadeau ❤️.
Sfar, Joann. La Synagogue. Dargaud, 2022.