Un flot d’émotions m’a submergé pendant la lecture de cette BD – je n’étais pas loin d’avoir les larmes aux yeux. L’histoire des grand-pères ayant vécu l’exil, la guerre et bien pire encore est émouvante, mais sa façon de se propager depuis l’enfance de l’auteur jusqu’à sa restitution sous la forme de cet ouvrage l’est peut-être encore plus. Elle traverse ainsi les générations et grâce à cette publication se transmet plus largement encore au grand public. Ce doit être une satisfaction pour David Sala, le poids de la responsabilité envers ses ancêtres doit peser moins lourd sur ses épaules.

Son histoire il faut la transmettre. C’est tellement important. Pour les générations d’après, connaître tout ça, c’est essentiel, pour que toute cette horreur ne se reproduise plus.

Les dessins jouent un rôle important car c’est par eux que passent ces émotions. Ils sont très particuliers – ce sont des tableaux, des peintures – certainement très personnels car très expressifs. On dirait qu’ils collent à la réalité tout en ayant été transformés par la mémoire – ils semblent devenir plus précis lorsque le temps du récit se rapproche du présent. Etant à peine plus jeune que l’auteur, j’ai été sensible au soin apporté à la reconstitution de l’époque tant dans le graphisme que dans la langue utilisée. Un seul petit – tout petit – bémol, les phylactères auraient mérité un lettrage manuscrit plutôt qu’une typographie sans âme.

Un magnifique travail dans la veine des grands récits autobiographiques qui ont vu le jour dans le sillage de Maus1, comme Deuxième génération, mais ici c’est la troisième génération qui s’exprime à son tour et poursuit son rôle de perpétuation de la mémoire collective.


Sala, David. Le Poids des héros. Casterman, 2022.


  1. Spiegelman, Art. Maus  l’intégrale: un survivant raconte. Flammarion, 1998. ↩︎