Celui qui va vers elle ne revient pas. C’est ce que la Bible dit des femmes adultères. C’est ce que les Sages du Talmud disent des idées hérétiques.
Ce livre est une plongée dans un monde étrange, surprenant pour celui qui ne le connaît pas. Cet univers est celui des juifs ultra-orthodoxes, les hassidim qui vivent en marge du monde moderne, isolés au sein de communautés dont la vie s’articule exclusivement autour de la religion.
Autrement dit: même les extrémistes jugent New-Square [New-Square est le nom de la ville dans laquelle vit et a grandi l’auteur] trop extrême ; même les fanatiques l’observent avec désarroi.
Cet univers est raconté de l’intérieur par un de ses membres, Shulem Deen. Il nous raconte sa vie de jeune-homme étudiant à la yechiva, puis d’homme marié et de père. Et puis rapidement, ses questions et ses doutes exacerbés par l’émergence d’Internet et de l’accès illimité à l’information et à l’échange via les forums de discussions et les blogs. La connaissance et la rationalité ne semblent pas être les meilleurs alliés de la foi.
“La foi, disait Reb Mendel de Vitebsk, consiste à croire sans aucune forme de raison.” Toute autre forme de pensée provoquait une lente érosion de la foi et menait à l’hérésie.
Au départ c’est l’étonnement qui prévaut, la pratique de la religion littérale m’a rappelé un peu ce que j’avais lu dans L’année où j’ai vécu selon la Bible, sauf qu’ici ce n’est pas un journaliste qui s’essaie à des pratiques pour les besoins d’un livre, mais un membre de la communauté qui raconte sa vie. C’est en ça que ce récit est émouvant car il est celui d’un homme qui a le courage d’évoluer d’une situation de repli sur soi à une ouverture vers le monde.
Deen, Shulem. Celui qui va vers elle ne revient pas. Traduit par Karine Reigner Guerre, Globe, 2017.