Je ne sais pas si le sous-genre existe, mais je parlerais volontiers pour ce livre de trib lit ou littérature de tribunaux. Les passages se déroulant dans un tribunal ne couvrent pas la totalité du livre, mais une bonne partie qui est plutôt convaincante, comme le reste du livre d’ailleurs. Karine Tuil s’est inspirée d’un fait divers qui a eu lieu à Stanford en 2016 pour embrasser d’une façon plus large la prise de conscience et de parole connue sous le nom de Me Too ou de l’explicite BalanceTonPorc en version française. Je trouve sa position en tant qu’auteur (ou autrice) parfaite. Elle dépeint une situation suffisamment ambiguë pour que le lecteur puisse non seulement se faire sa propre idée, mais aussi saisir la complexité de certaines affaires et cheminer sur l’étroite ligne de crête qu’il faut emprunter pour tenter de faire la lumière.
Elle souligne également de façon très pertinente la puissance dévastatrice du sexe. Cette pulsion, peut-être le dernier vestige d’animalité de l’être humain, peut fracasser en quelques instants des vies construites au prix de nombreux efforts et de sacrifices. C’est ma première lecture de Karine Tuil et c’est une belle découverte.
Tuil, Karine. Les choses humaines. Gallimard, 2019.