Alexandre Labruffe a vécu en Chine lorsqu’il était plus jeune, au début de sa carrière, puis, plus récemment à Wuhan au début de la pandémie. Dans ce court récit, il entremêle les souvenirs de ces deux époques pour livrer son expérience et sa vision de la Chine. Et elle est plutôt paranoïaque à moins qu’elle ne soit finalement assez réaliste.
La Chine est l’utopie réalisée du libéralisme, où la seule liberté, finalement est celle de consommer. Préfiguration d’un monde en gestation. Le pire
du communisme etdu capitalismeréunis. Un monde réduit au consumérisme. (La Chine pré-scénariste l’avenir.)
On ne sait trop si on est dans la réalité ou dans la fiction – dans l’imagination de l’auteur –, mais peu importe tant elles semblent se confondre.
Le réel percute la fiction que suis en train d’écrire. La dépasse. La dévore. Je la stoppe pour ne pas avoir l’impression de vivre dans mes propres affabulations.
Durant son dernier séjour en Chine il travaille donc à l’écriture d’une dystopie et compte pour cela s’inspirer de la Chine. Il ne sera pas déçu lorsqu’il assistera au début de la pandémie, ou plutôt si car il est un peu décontenancé. Après avoir vécu ça, il n’y a plus rien à inventer.
La Chine fabrique des dystopies. La Chine usine à dystopies. Pays des merveilles horrifiques.
Il faut aimer le style un peu déjanté et une forme non conventionnelle faite de fragments – Frédéric Beigbeder doit adorer. Pour ma part j’ai beaucoup apprécié cette vision à la fois hallucinée et réaliste sur ce pays dont nous profitons en tant qu’occidentaux tout en le condamnant – schizophrénie capitaliste.
Labruffe, Alexandre. Un hiver à Wuhan. Verticales, 2020.