Algues vertes

Dans la série les BDs qui énervent, après Cent mille ans, voici Algues vertes, l’histoire interdite. Tout le monde connaît plus ou moins ce fléau qui ravage les plages bretonnes et tout le monde en connaît aussi désormais la dangerosité et l’origine. Mais ce que l’on sait moins, c’est le chemin de croix suivi par certains pour que ces faits, pourtant difficilement contestables, soient reconnus.

La BD documentaire ou la BD journalistique d’investigation a décidément de beaux jours devant elle. Cette enquête est passionnante à suivre et bien structurée puisqu’elle est découpée en plusieurs parties distinctes qui s’enchaînent parfaitement. Comme souvent dans ce genre d’histoire, les deux inséparables que sont la politique et le capitalisme jouent un rôle majeur.

Alors que nous terminons cet album, nous apprenons le 10/01/19 que la Région Bretagne est devenue actionnaire du groupe d’Aucy-Triskalia (premier groupe agroalimentaire de Bretagne) à hauteur de 5 millions d’euros.

Les besoins économiques orientent les politiques dans la mauvaise direction qu’ils s’empressent de suivre. Ils déploient ensuite des trésors de mauvaise foi pour tenter de camoufler leurs erreurs en justifiant l’injustifiable – on retrouve d’ailleurs un personnage politique de premier plan, l’actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui dirigeait alors le conseil régional de Bretagne. Ce n’est déjà pas très glorieux pour un politique, mais je trouve encore plus affligeant lorsque des scientifiques cautionnent et participent à cette entreprise de désinformation. Un seul petit bémol sur le choix des couleurs. Je ne trouve pas indispensable de mettre du vert dans chaque planche – il y en a assez sur les plages. Ce qui aurait pu être un habile clin d’oeil est bien trop appuyé et ne sert pas le livre.

A noter, j’ai été surpris d’apprendre l’existence d’un roman pour enfant traitant de ce sujet, Polar vert¹.

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Leraud, Ines & Pierre Van Hove. Algues vertes, l’histoire interdite. Delcourt, 2019.