Un roman érudit consacré à l’histoire récente du Maroc en couvrant une partie du règne d’Hassan II, pourquoi pas ? Le point de vue est original puisqu’il est celui d’un camarade de classe issu d’une famille modeste qui accompagnera le roi jusqu’à occuper le poste d’historiographe du royaume. Ce poste ou ce titre rappelle celui d’historiographe du roi qu’ont occupé avant lui des personnages célèbres comme Racine qui fut celui de Louis XIV, ce parallèle avec la monarchie française et d’ailleurs longuement évoqué au cours du livre. Le dispositif – puisqu’il s’agit bien de cela – est d’utiliser la forme des mémoires fictionnelles. Si l’idée est intéressante, ce procédé confère au roman un style un peu trop formel qui s’inspire ouvertement des Mémoires de Saint-Simon, nuit à sa dynamique et qui contribue à – il faut dire les choses – rendre la lecture un peu ennuyeuse. L’épilogue qui révèle en quelque sorte ce dispositif n’est pas non plus très convaincant. Dommage car la réflexion sur le phénomène de cour et l’arbitraire du pouvoir est bien amenée et intéressante. Cette petite déception lié à des raisons très personnelles n’enlève rien à la qualité de cet ouvrage ni au talent de Maël Renoir – ancienne plume de François Fillon – qui se confirme livre après livre.


Renouard, Maël. L’historiographe du royaume. Grasset, 2020.