Luz est un survivant, un miraculé, l’un des seuls rescapés de la tuerie de Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015 il est arrivé en retard juste assez pour croiser les terroristes qui prenaient la fuite après avoir sauvagement assassiné les membres de la rédaction du journal. Les raisons de son retard ont à voir avec cette date du 7 janvier, car le 7 janvier est la date de son anniversaire. La raison de ce retard, il avait anticipé et un peu trop arrosé la soirée de la veille. Suite à ce traumatisme, cet ouvrage intitulé comme il se doit Catharsis1 relate la vie d’après et le retour progressif au dessin.
Un jour, le dessin m’a quitté. Le même jour qu’une poignée d’amis chers. À la seule différence qu’il est revenu lui. Petit à petit. À la fois plus sombre et plus léger. Avec ce revenant, j’ai dialogué, pleuré, ri, hurlé, je me suis apaisé à mesure que le trait s’épurait.
C’est toute l’histoire de ce livre. On sent tout d’abord la sidération illustrée par le dessin de lui-même qui se répète et qui illustre la couverture. Il représente un Luz très schématisé – le dessin est torturé –, perdu, les bras ballants, les yeux exorbités et cernés. Puis c’est la colère, la douleur et une tonne d’autres émotions qui passent au travers de ces dessins. On sent des phases qui se succèdent. C’est décousu, violent, mais parfois drôle aussi. Comment réagir lorsque l’on perd de cette façon ceux qui sont depuis des années bien plus que des collègues de travail, une famille. Ce témoignage sans filtre ne pourrait pas mieux illustrer la catharsis.
Luz. Catharsis. Futuropolis, 2015.