Jérémie Dres raconte dans ce premier tome l’expérience de deux jeunes djihadistes. Ils avaient, pour des raisons qui ne sont pas très claires, choisi de quitter la France pour se rendre en Afghanistan. C’est alors l’époque de la première prise de pouvoir des talibans qui a précédé les attentats du 11 septembre et l’arrivée des américains. Ces deux jeunes repentis sont devenus des adultes qui font partager leur expérience pour sensibiliser les jeunes aux dangers de cette aventure. Leur intention, ainsi que celle de l’auteur, est louable, aucun problème sur ce point. Le problème vient de la réalisation, de la mise en oeuvre. Surtout si l’on compare cet ouvrage à un projet similaire comme L’Odyssée d’Hakim dans lequel l’auteur de BD retranscrit le récit d’une personne ayant vécu une expérience traumatisante.
En premier, et même si l’on pourrait considérer que c’est accessoire, les dessins sont bâclés – c’est un peu dur, mais c’est ce que j’ai pensé tout au long de la lecture. Ils sont réalisés sur une tablette et semblent n’avoir fait l’objet d’aucun soin. Ils sont uniquement un accessoire du récit et n’apportent rien. Ensuite, la façon dont l’histoire est racontée en seconde main n’est pas très originale. Le résultat est un mélange de dialogues, de reconstitutions maladroites et d’un peu d’information sur la réalisation de cet ouvrage et sur son auteur. Pour illustrer mon sentiment, voici des phrases sur ce qui semble être un détail à propos du B-52, sur lesquelles j’ai tiqué à deux reprises.
D’abord les missiles Tomahawk, puis c’est au tour des B-52.[…]
En plus des B-52, les américains utilisent tout un tas de bombes perfectionnées provenant d’hélicoptères Apache ou de chasseurs F-16.
Pour te donner une idée, si un B-52 tombait ici, ça raserait les Minguettes.
J’ai l’impression qu’il y a une confusion entre les bombes et le bombardier B-52 qui les largue. Je ne sais pas d’où vient cette confusion. Si l’idée était de rapporter les propos en verbatim, tels qu’ils ont été dits, il aurait été utile de donner une explication. Ensuite, je suis tombé sur cette phrase.
Tu découvres un énorme cratère avec des restes encore fumantes.
Pourquoi utiliser le féminin pluriel ici ? Vous allez dire que c’est un détail – ou la volonté de rapporter les propos en verbatim encore une fois –, mais j’ai tendance à accorder de l’importance aux détails, je trouve qu’ils sont révélateurs.
Dres, Jérémie. [Le Jour où j’ai rencontré Ben Laden T1][0]. Delcourt, 2021.