Voici comment Anne Goscinny relate sa rencontre avec Catel (Catel Muller) et leurs premiers échanges concernant le livre que nous avons entre les mains.
– Et si tu consacrais un roman graphique à mon père ? Ai-je suggéré à Catel, le soir de notre rencontre, après lui avoir dit toute l’admiration que j’avais pour ses portraits de femmes. – Ce n’est pas possible. Seules les héroïnes m’intéressent. Ton père n’est qu’un héros.
Ce livre m’a d’autant plus intéressé que si je connaissais un peu – j’aurais tendance à dire comme tout le monde en France – le travail de René Goscinny, je ne connaissais rien de sa vie.
Il était très doué à l’école, mais il a dû arrêter ses études. Il a essayé pendant longtemps de percer dans le dessin et c’est comme scénariste qu’il finira par connaître plus que le succès, la gloire. Parce que dans le fond le dessin n’était au final qu’un moyen d’atteindre son but, d’assouvir son ambition ultime: l’humour.
La seule chose qui m’amuse sur cette terre, c’est de faire rire les autres, et je suis sérieux quand je dis ça !
Les dessins de Catel en ligne claire et couleurs pastels sont toujours du plus bel effet et constituent un réel agrément lors de la lecture de ce livre.
[…] en lisant mon père qui avait inventé suffisamment d’histoires pour que sa voix peine à s’éteindre. Quand je le lis, je ris aux larmes. Qui vient d’abord, des larmes ou du rire ?
Il y a beaucoup de jeux de miroirs comme le suggère la couverture entre le père René et la fille Anne. Le passage de relais est assuré car Anne écrit désormais des histoires non pas sur un petit garçon prénommé Nicolas, mais sur une petite fille prénommée Lucrèce. Elle travaille elle aussi en duo sur cette série de romans intitulée Le monde de Lucrèce1 avec celle qui a dessiné ce livre, Catel. La boucle est bouclée.
Catel, & Goscinny, Anne. Le roman des Goscinny: Naissance d’un gaulois. Grasset, 2019.
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Goscinny, Anne, et Catel. Le monde de Lucrèce, 1. Gallimard Jeunesse, 2018. ↩︎