Le feuillage des arbres de Corot, les bosquets de Fragonard, les buissons de Watteau, la campagne de Poussin … C’était mon jardin, mes paysages, mes grands espaces.

Bien qu’elle soit sortie avant le confinement, cette BD est dans l’air du temps, du besoin d’espace, du retour à la terre, au vrai. Elle raconte avant tout une enfance heureuse à la campagne. Cette enfance est a priori celle de Catherine Meurisse passée dans un petit village de Poitou-Charente avec sa soeur et ses parents qui se révèlent être des campagnards érudits. Non seulement dans l’art du jardinage, mais plus encore dans celui du jardinage historique lorsque à la manière de conservateurs de musés vivants ils font revivre, via la technique magique du bouturage, des plantes ayant connu des destins illustres – superbe idée je trouve. Dire que le jardinage est un art n’est pas un vain mot, certains passages m’ont évoqué la visite de l’un des jardins d’Alain Passard dans En cuisine avec Alain Passard.

– Ça, c’est un cognassier. Au moment de son débourrage, quand ses bourgeons éclatent et ses feuilles sortent, il sera temps de planter les patates. Et quand les perce-neiges fleurissent, c’est signe qu’il faut planter les oignons.
– Pas besoin de post-it pour te le rappeler.
– Tous les post-it sont dans la nature !

Niveau dessin tout est dans le contraste très réussi entre des décors très précis, incluant parfois des reproductions d’oeuvres d’art, et des personnages stylisés. J’ai adoré ce décalage qui est certainement aussi là pour désacraliser le récit et lui donner de la légèreté. L’humour omniprésent joue ce même rôle. On prend un bain de nature, c’est foisonnant, gai et fort agréable à la fois de se retrouver dans ces paysages et à la fois de prendre du recul et de se concentrer sur ce qui est important, ces grands espaces que sont la nature et la culture. Première lecture de Catherine Meurisse qui m’a donné envie de lire ses autres ouvrages.


Meurisse, Catherine. Les grands espaces. Dargaud, 2018.