Comédie française

J’adore les BD de Mathieu Sapin en immersion, une sorte de gonzo journalisme au second degré, par exemple lorsqu’il raconte la vie d’un journal dans Journal d’un journal, suit notre monument national Gérard Depardieu dans Gérard ou, encore mieux, lorsqu’il s’intéresse à la politique comme dans Le Château ou dans ce Comédie française. Pourtant, dans ce dernier livre, il n’est pas question que de politique – ou disons que de politique contemporaine –, il tente d’en faire sans vraiment y parvenir. Il tourne autour d’Emmanuel Macron, mais n’arrive pas à ses fins. On dirait que les évènements de l’actualité et les différents conseillers de celui qui n’est encore qu’un candidat au début du livre se sont ligués contre lui et se passent le relais, comme dans un running gag, pour lui barrer la route vers le roi ou plutôt le président.

Cette attirance pour la politique – ou le politique – lui fait faire le parallèle avec Racine – d’où le jeu de mots du titre – qui, après une carrière de dramaturge couronnée de succès, a occupé le poste d’historiographe du roi – à ce propos, je fais un aparté pour dire que j’ai lu en parallèle et complètement par hasard L’historiographe du royaume¹ de Maël Renouard qui évoque lui aussi Louis XIV. Il se demande pourquoi ce virage dans sa carrière et en profite au passage, tout en racontant ses tentatives d’approche d’Emmanuel Macron, pour retracer la vie de Racine. J’ai trouvé, pour une raison qui m’échappe, cette partie peu intéressante et finalement assez ennuyeuse. La raison est peut-être que ce parallèle ne fonctionne tout simplement pas. Comme souvent, et c’est certainement le cas ici, les livres qui tentent de raconter le projet raté du livre qu’ils auraient dû être ne sont pas très réussis. Quand on y réfléchi, c’est assez logique, car ces ouvrages racontent non pas un aboutissement, mais un échec. Ils ne sont que des pis-allers, une façon de rentabiliser un investissement, mais ne se sont jamais à la hauteur du projet initial.

Sapin, Mathieu. Comédie française, voyages dans l’antichambre du pouvoir. Dargaud, 2020.