Donjon Antipodes inaugure une nouvelle ère du Donjon (10 000 ans avant les évènements de Zénith). C’est à la fois un petit évènement – car il avait été annoncé que la série était terminée – et une grande déception. Je n’ai trouvé dans cet album rien de ce qui a fait le succès et le charme des autres sous-séries – je ne sais pas trop comment qualifier autrement des séries au sein d’une série. Mis à part les races peuplant ce tome – à part les chiens qui n’ont pour l’instant rien à voir avec ceux de Clérambard, mais qui sont peut-être leurs ancêtres – rien n’évoque clairement les évènements à venir du Donjon. Il n’y a selon moi dans cet album pas d’humour et très peu de finesse – l’inverse étant également vrai.
Les personnages principaux sont des chiens qui parlent entre eux et, sous certaines conditions, aux autres espèces : elfes, orques, etc. Et c’est peut-être là qu’est la raison d’être de cette histoire, comment les animaux ont-ils acquis la parole au sein de l’univers du Donjon ? Pour l’instant, ce duo improbable entre un toutou de salon et un chien belliqueux – qui a un faux air de Fantomate le chien rose de Petit Vampire – se donne pour mission de retrouver la tête, préalablement tranchée, du maître de ce dernier. Leurs aventures sont assez incongrues et hasardeuses et se soldent la plupart du temps par des morsures.
Les dessins ne sauvent pas l’album. Ils sont assez brouillons paraissent peu soignés – ce n’est pas une critique, mais le style du dessin, même s’il est bien réalisé me donne cette impression – la calligraphie du texte assez anguleuse renforce cette impression désagréable. Le goût que semble avoir Sfar de faire des animaux des personnages de ses ouvrages semble ici avoir atteint ses limites. Il faut parfois savoir s’arrêter.
Joann Sfar, Grégory Panaccione & Walter, Donjon Antipodes -10000: L’Armée du crâne, Delcourt, 2020, 48 p, Amazon.