Robert Kirkman est surtout connu pour sa série Walking Dead1. Avant cet énorme succès, il avait créé une série de super-héros main stream nommée Invincible. On pourrait penser que cette BD n’est qu’un hommage à l’âge d’or des comics. Et il y a indéniablement de ça, les clins d’oeil sont suffisamment appuyés pour qu’un piètre connaisseur comme moi les détecte immédiatement. De la référence à Tom Strong en passant par de grosses similitudes avec l’univers DC, notamment avec Superman et la JLA – je ne parle même pas de la présence des héros d’Image Comics. L’apparente naïveté de l’histoire abonde également dans ce sens et le dessin est au diapason, ultra simple et très coloré par de larges aplats de couleurs chatoyantes – ce n’est pas une critique du dessin qui est très réussi.
Il est vrai que le contraste entre la vie de famille et le statut de super-héros est déjà intéressant. Que font-ils lorsqu’ils rentrent chez eux ? A quoi ressemblent leurs discussions, le déroulement d’un repas, bref, leur vie de famille ? Ce premier tome réussit très bien dans ce registre – il contient quelques scènes excellentes – et permet d’installer les personnages et l’univers qui semblent eux aussi assez naïfs – les personnages sont à peine crédibles et le décor est celui de la banlieue américaine que l’on voit dans toutes les séries US à deux balles.
Et pourtant, chers lecteurs, ne vous y trompez pas, Invincible contient plus que ça – je me suis fait avoir moi aussi. Ce bel univers va vite se craqueler. Cette transformation ne s’opère pas vraiment – même si en le sachant, vous repèrerez peut-être quelques signes – avant le second tome dans lequel la série change radicalement de cap. Prenez donc patience, ne tirez pas de conclusions hâtives et poursuivez la lecture de cette série qui se révèle être l’une des meilleures séries de super-héros créée ces dernières années.
Robert Kirkman, Cory Walker et Bill Crabtree, Invincible #1: Affaires de famille, Delcourt, 2005, 144 p, Amazon.