L’un de nous va mourir, je l’ai lu dans les cartes …

Et voilà toute l’intrigue du livre. Dans ce qui pourrait ressembler à un huis clos, les dangers vont se multiplier pour les principaux protagonistes. Evidemment Lewis Trondheim multiplie les fausses pistes. C’est un secret de polichinelle, mais je ne vais pas révéler l’identité de la victime – c’est un véritable sacrilège. Cette histoire illustre bien la difficulté d’échapper à son destin. Ce qui me fait penser à ce passage cité par Alberto Manguel dans son Journal d’un lecteur 1.

Un jeune jardinier persan dit à son Prince :

  • J’ai rencontré la mort ce matin. Elle m’a fait un geste de menace. Sauve-moi. Je voudrais être, par miracle, à Ispahan ce soir.
    Le bon prince prête ses chevaux. L’après-midi, ce prince rencontre la mort.
  • Pourquoi, lui demande-t-il, avez-vous fait ce matin, à notre jardinier, un geste de menace ?
  • Je n’ai pas fait un geste de menace répond-elle, mais un geste de surprise. Car je le voyais loin d’Ispahan ce matin et je dois le prendre à Ispahan ce soir.

Allez je donne un indice, il s’agit du dernier tome de la série “Les Formidables aventures de Lapinot” – bien qu’il soit numéroté 8 sur 9. J’ai eu envie de relire ce tome à l’occasion de l’inauguration d’une toute nouvelle série intitulée fort logiquement “Les nouvelles aventures de Lapinot”. Ce qui est bien avec la fiction c’est que tout est possible, on n’est pas à une compromission près.

En y réfléchissant un peu je trouve que c’est finalement raccord avec la série puisque chaque tome fonctionne comme une pièce de théâtre différente jouée par les même acteurs (Lapinot et ses amis). Souhaitons donc longue vie à Lapinot !

A lire également: Amour & Intérim


Lewis Trondheim, Les Formidables aventures de Lapinot #12: La vie comme elle vient, Dargaud, 2004, 42 p, Amazon.


  1. Alberto Manguel, Journal d’un lecteur, traduit par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 2006, 244 p, Amazon↩︎