Ce livre raconte l’histoire de deux génies méconnus – en dehors du cercle des gamers – John Carmack et John Romero, les créateurs du mythique Doom. Nombreux sont ceux de ma génération qui se souviennent du choc ressenti lorsqu’ils ont testé pour la première fois ce jeu à la fois ultra addictif et assez répugnant. Ces deux facettes du jeu évoquent à elles seules le talent et la personnalité des deux John.
Romero est un créatif, un joueur passionné imprégné de culture underground qui a engendré cet univers étrange (weird) et complètement nouveau – pour les littéraires, un genre de Lovecraft du jeu vidéo. Carmack est un développeur de génie qui a su repousser les limites de la technologie pour créer des univers 3D (des moteurs) qui ont surclassé tout ce qui se faisait à l’époque – pas grand chose à vrai dire dans ce domaine – pour créer des jeux rapides et réalistes offrant aux joueurs une expérience d’immersion jusqu’ici inédite – je pense notamment aux jeux de lumière. La réunion de la créativité et de la technologie a engendré ce qui restera comme l’une des étapes les plus marquantes dans l’histoire du jeu vidéo ou plus largement dans celui que l’on regroupe communément sous l’anglicisme entertainment – rien que ça.
Ils ont révolutionné le jeu vidéo et fait exploser les limites. Wolfenstein 3D et Doom ont été les premiers first person shooter (FPS) genre qui est aujourd’hui l’un des plus joués et des plus adulés, il n’y a qu’a jeter un oeil au box-office pour s’en convaincre: Counter-Strike, Call of Duty, Battlefield, etc.
Au passage, ils ont aussi introduit la possibilité de jouer à plusieurs en réseau. Je n’ai pas de chiffre à donner, mais imaginez le nombre de joueurs et le marché que le jeu en ligne représente aujourd’hui. C’est colossal et le potentiel de développement est énorme.
Ils ont certainement enfin participé au mythe des deux copains dans leur garage et ils sont bien devenus milliardaires – avec les voitures de courses et tout ça –, puis les choses ont pris une autre tournure après le succès, mais ça, je vous laisse le découvrir.
Le livre est très bien écrit – pour ce genre – et surtout très bien documenté. Ce dernier point est même surprenant, on dirait que David Kushner était avec eux lorsque les évènements se sont déroulés. Je suis un grand fan de tout ce qui touche à l’histoire de l’informatique et ce livre, bien qu’il traite du jeu vidéo, contribue indéniablement, et de très belle façon, à cette grande et belle histoire.
A lire aussi
David Kushner, Masters of Doom: How Two Guys Created an Empire and Transformed Pop Culture, Random House Trade Paperbacks, 2004, 368 p, Amazon.