J’ai acheté ce livre édité par la Table Ronde dans sa très belle collection de poche “La petite vermillon” simplement sur l’impression laissée par sa couverture. J’ai commencé à le lire sans rien connaître de l’histoire ni de son auteur, John Hopkins – je ne lis jamais les quatrièmes de couverture. Lorsque je lis un livre j’aime particulièrement la découverte, les cent premières pages. Que nous apprend la couverture ?

Elle représente un jeune homme bien habillé et portant des lunettes. Il se trouve au balcon de ce qui ressemble à un riad. Il a un visage pensif et regarde vers l’horizon dans un pays qui ne semble pas être le sien. Quant au titre, Adieu, Alice, il nous fait comprendre qu’il y a une femme dans cette histoire. Peut-être qu’elle n’est pas là et que c’est à elle qu’il pense en regardant au loin.

Je ne suis pas beaucoup trompé, le pays est le Maroc et la ville Tanger. Le jeune homme s’appelle Norman et c’est bien à Alice qu’il pense. Ils sont tous les deux américains et viennent de New York. J’ai été surpris et à vrai dire tout de suite conquis par le style de l’auteur. Il est très simple, presque naïf. Nathan, le personnage principal, tient un journal et on a l’impression que c’est son contenu qui est exposé au lecteur tellement le texte paraît peu travaillé. On suit donc ses pérégrinations et l’enchaînement des évènements qui semblent glisser sur lui comme de l’eau sur une vitre. Il ne réagit pas de façon conventionnelle – ou il ne réagit pas tout court – et c’est justement l’un des attraits du livre, ce détachement. Ce n’est qu’une apparence, il y a dans cette résignation, dans cette façon d’aborder l’existence une grande poésie. Il se dégage de tout cela une profonde et très belle mélancolie qui ne verse jamais dans la tristesse. Et c’est certainement, mêlé au charme oriental du Maroc, le second attrait du livre.


John Hopkins, Adieu, Alice, traduit par Claude-Nathalie Thomas, La Table Ronde, coll. “La petite vermillon”, 2017, 256 p, Amazon.