Les livres de Murakami sont pour moi comme un lieu où l’on aime se retrouver, où l’on se sent à l’aise. Je l’ai déjà dit – certainement à plusieurs reprises –, mais je le répète encore, j’adore ses descriptions du quotidien, l’ambiance de ses livres. Ses personnages aiment les plaisirs simples comme savourer une bière bien fraîche en écoutant un bon disque, certains arrêtent de fumer et j’aime à croire que ces comportements ont eu une influence sur moi – pas besoin de vous faire un dessin. Le souvenir de mes premières lectures de Murakami est encore très présent alors qu’elles datent d’une grosse dizaine d’années – depuis j’ai arrêté de fumer, mais je me suis aussi mis à boire de la bière et à écouter du jazz.

Pourtant, ce livre ne m’attirait pas du tout, il ne fait pas partie des plus connus et son titre ne me disait vraiment rien – je suis assez bêtement sensible aux titres. Il se trouvait sur mon vieux Kindle. Cet appareil, s’il n’a pas le charme ni ne procure le plaisir de lecture d’un livre papier, a l’énorme avantage de permettre de lire la nuit sans avoir à allumer la lumière et réveiller celle qui dort à côté de vous. Les livres qui se trouvent sur ce Kindle n’ont pas changé depuis des années. Je le prends toujours avec moi pour les vacances ou lorsque je suis en déplacement. Il est comme la bibliothèque d’une maison de campagne, remplie de vieux livres de poche écornés et jaunis, que l’on est heureux de retrouver le temps du séjour. Bref, j’ai commencé ce livre par hasard et je ne l’ai plus lâché après avoir lu seulement quelques lignes lors d’une nuit d’insomnie. Je l’ai terminé en le lisant exclusivement la nuit – il vaut mieux disposer d’un bon livre dans ces cas là, c’est déjà une consolation.

J’arrête avec mes histoires pour dire quand même quelques mots du livre. Il exploite la figure classique du triangle amoureux, mais avec des personnages originaux, complexes et assez étranges – c’est vraiment quelques mots. C’est un roman très resserré pour un Murakami (moins de 300 pages) et il est difficile de le lâcher pour son écriture à la fois accessible et agréable, son intrigue et, comme toujours, l’insinuation du fantastique – assez légèrement ici – dans l’histoire. Une excellente surprise que je conseillerais sans hésitation à ceux qui n’ont jamais lu de Murakami – et aux autres aussi bien sûr. Il leur permettra d’entrer progressivement, et je suis sûr avec grand plaisir, dans l’univers passionnant de ce grand auteur.


Haruki Murakami, Les amants du Spoutnik, traduit par Corinne Atlan, 10/18, 2004, 272 p, Amazon.