Bastien Vivès est un amateur et connaisseur de jeux vidéos et plus particulièrement de Street Fighter – le design du titre reprend les codes du logo de Capcom, l’éditeur du jeu. Si le titre de recueil ne suffit pas à vous en convaincre, jetez donc un oeil à son travail, en tant que scénariste, sur LastMan.

Il nous présente ici de courtes histoires qui se rapprochent d’anecdotes dans lesquelles – et nous y reviendrons – les dialogues tiennent une place prépondérante et dont le sujet central est bien évidemment le jeu vidéo. Les passionnés seront tout de suite plongés dans le bain, les autres risquent de ne jamais y entrer – autrement dit, si vous ne connaissez rien aux jeux vidéos, passez votre chemin.

Vives a un style très particulier fait de seulement quelques traits tracés directement à la tablette graphique. A partir de là, la magie opère, il fait naître les expressions, les ambiances. J’ai rarement vu quelque chose d’aussi simple tout en étant original fonctionner avec autant d’efficacité. Si vous souhaitez en prendre la mesure, je vous conseille vivement de lire Polina. Ici, sa tablette graphique ne lui sert pas qu’à dessiner, elle lui a permis d’effectuer de nombreux copier-collers. Il faut prendre ce choix comme une volonté scénaristique à la B. M. Bendis – un peu de flemme aussi quand même – qui permet de mettre l’accent sur les dialogues qui sont bien sentis. Je considère que Bastien Vivès est déjà un grand artiste, mais il me semble que ce n’est pas ce livre qui rend le mieux hommage à son talent.

Sur le fond, je le répète, il faut absolument connaître un minimum ce milieu pour sourire, mais pas plus, ne vous attendez pas à de grands éclats de rire. Il n’est pas de ma génération – ça fait mal de le dire, il est bien plus jeune –, si je veux vraiment rigoler sur ce genre de thématiques je préfère attraper un des volumes des Notes de Boulet sur mon étagère.

P.-S.: Pour les amateurs, Vivès a décliné ce même principe sur d’autres thèmes: la famille, l’amour, la blogosphère, la guerre, la bande dessinée.


Bastien Vivès, Le jeu vidéo, Delcourt, coll. “Shampooing”, 2012, 192 p, Amazon.