Le cas Sneijder me fait beaucoup penser à un autre livre de Jean-Paul Dubois que j’avais bien apprécié: Kennedy et moi. Avec le temps et les souvenirs qui se sont émoussés, je les prendrais presque pour des clones. Sans aller jusqu’à là, je pense qu’ils ont beaucoup de points communs.

  • Les narrateurs et personnages principaux des deux livres se ressemblent,
  • Le ton, sorte de mélange très réussi entre de l’humour de la mélancolie et du cynisme – le livre vaut d’être lu rien que pour ça,
  • L’épouse du narrateur et leurs jumeaux sont les mêmes ou presque – des emmerdeurs de première,
  • La présence d’une montre,
  • L’omniprésence de la dépression.

Le début est génial, l’incipit est terrible et les réflexions sur l’existence et ses non-sens sont bien trouvées et exprimées.

C’est ainsi que nous vécûmes, famille désarticulée, petits Français de l’intérieur, coincés entre le leasing de nos voitures et les escalators du progrès, gravissant quelques marches sociales pour les redescendre aussitôt, enterrant nos parents avant de dépenser leur assurances-vie, voyant grandir nos enfants et défiler les années, comme les bovins regardent passer les trains, jusqu’à la fin.

J’ai tout de suite eu envie de relire du Jean-Paul Dubois – en plus il est toulousain et il évoque sa ville dans ce livre. Je ne suis pas très motivé pour raconter l’histoire, je vous laisse le plaisir de la découvrir – je sais c’est facile. Sachez juste que c’est celle d’un homme qui va traverser une très grave crise. Le livre est parfois triste, pathétique mais toujours drôle, il oscille habillement entre les deux états. En les amplifiant jusqu’à la farce, il met en évidence certains travers de la société. On commence par en rire pour finir par se rendre compte que l’exagération n’est pas si importante.

Mais quelques mauvaises raisons et surtout la lâcheté, ce mal misérable et insidieux, me firent renoncer et je pris alors conscience de notre incroyable capacité à composer avec l’inacceptable.

Si la première moitié est très réussie, la suite souffre de quelques longueurs – surtout vers la fin –, même si elle nous réserve quelques pépites d’humour noir.

Ce fut lui qui, au bout d’un quart d’heure de marche, m’intronisa membre de cette confrérie dans laquelle je redoutais tant d’entrer. La cérémonie se déroula très simplement. Je posai un genou à terre, enfilai un gant, déliai le sac et fis ce qu’un être humain ne devrait jamais avoir à faire. La tempête de neige déposa un voile pudique sur la célébration.

Il aurait gagné à un tout petit peu plus de concision – pourtant il n’est pas très long, à peine plus de 200 pages –, mais c’est vraiment pour pinailler tant il sonne sonne vrai et regorge de trouvailles d’un cynisme délicieux.


Jean-Paul Dubois, Le cas Sneijder, Editions de l’Olivier, 2011, 217 p, Amazon.