La lanterne abritant le système Auguste Fresnel culminera à 76 pieds au-dessus du flot. Son signal lumineux sera: trois éclats blancs toutes les douze secondes.
Tout le monde aura deviné qu’il est question d’un phare et l’emploi du futur nous laisse à penser qu’il n’est pas encore construit. En 1911, un jeune ingénieur arrive de la capitale dans un petit village breton pour mener à bien cette mission – il a été gâté pour sa première affectation. Le phare doit être construit sur le récif portant le nom éloquent de “Pierre Chauve”, mais il y a un petit problème qu’il va bientôt découvrir.
Il ne se découvre qu’aux marées basses de vives eaux, vingt jours par an, trente au mieux.
Là, ça devient tout de suite un peu plus compliqué et je n’ai pas encore parlé du mauvais temps et des tempêtes – ni du caractère des bretons :-).
L’histoire s’inspire de la construction du phare d’Armen, près de la Pointe du Raz. Bruno Le Floc’h aime sa région et ça se voit. Comme pourrait-il lui rendre meilleur hommage qu’en livrant de si belles cases ? Il peint la mer et les bateaux comme personne, c’est tout simplement magnifique – ce n’est pas le première fois que j’admire l’aspect graphique de son travail, je l’avais déjà évoqué dans l’article consacré à Chroniques Outremers. Il est beaucoup question de dualité dans cette histoire. La dualité entre la capitale et la Bretagne, l’état et la région, la théorie et la pratique, la technologie et la nature. Elle est symbolisée par la rivalité entre l’ingénieur et le marin Nonna.
C’est un très bel ouvrage indémodable que tout amoureux de la mer devrait posséder.
Bruno Le Floc’h, Trois éclats blancs, Delcourt, coll. « Mirages », 2004, 95 p, Amazon.