Nous sommes en novembre et Noël pointe déjà le bout de son nez – enfin pas que le nez. Tout le monde s’y met et les libraires ne font pas exception. La table centrale de la librairie Ombres Blanches a été réquisitionnée pour l’occasion. Elle regorge de suggestions qui l’ont parée de rouge et de blanc. Mon oeil fut d’abord attiré par l’équivalent d’un calendrier de l’Avent en livre de conte: 24 histoires pour attendre Noël – je n’avais jamais vu ça, mais je ne suis pas vraiment étonné les calendriers sont déclinés à toutes les sauces cette année, ils sont malins. Puis soudain, un flash en apercevant le livre disposé au centre de la table et en reconnaissant le gros Père Noël ornant la couverture. J’adorais ce livre quand j’étais petit ! J’ai dû le lire des dizaines de fois. La vraie madeleine, un livre que j’avais complètement oublié a ressurgi de ma mémoire. Alors que je ne me souvenais de strictement rien, de nombreuses images ont réapparu: sa sacoche avec le Thermos bleu qui dépasse, le chien du Père Noël, le voyage en traineau, les préparatifs, etc. J’étais sûr de moi, sûr que ce n’était pas un souvenir reconstitué, mais j’ai tout de même vérifié la date de la première édition française – c’est un Père Noël anglais, je ne le savais pas à l’époque: 1974, c’était bien lui – cette nouvelle édition date de 2012.
Nous l’avons lu le soir même – j’ai un peu insisté –, j’étais impatient de le retrouver après tant d’années. Bonne surprise, je n’est pas été déçu, mais pas du tout – ma fille a été manifestement moins enthousiaste que moi. J’ai trouvé à ce livre de nombreuses qualités: les dessins sont très beaux, l’histoire plaît aux enfants, la mise en page se rapproche de la bande dessinée. Mais il a quelque chose en plus, quelque chose que je n’avais pas perçu à l’époque: le second degré. Le sacré Père Noël de ce livre est un grincheux de première qui se passerait bien de mettre le nez dehors par ce froid. Il ne lui tarde qu’une chose – comme à tous les enfants – le 25 décembre, mais pas exactement pour la même raison. Il lui tarde simplement de rentrer chez lui pour prendre un bon bain chaud, se préparer un bon repas, enfiler son pyjama et profiter de la quiétude de sa maison – en tant que parent on peut largement partager ce tropisme pour le calme en cette période agitée. Inutile de vous dire que je ne suis pas objectif, mais si vous cherchez un bon livre sur Noël, vous l’avez trouvé.
P.-S.: Petit détail bizarre peut-être lié à la traduction, ce sacré Père Noël n’a pas des rennes, mais des cerfs …
Mise à jour
En 2019, quelques années ont passé, ce livre est devenu l’un de ses préférés – elle l’emporte même avec elle dans ses affaires. Me voilà ravi :-).
Raymond Briggs, Sacré Père Noël, Grasset, 2012, 32 p, Amazon.