La Horde du contrevent est un roman de fantasy – bien que je situerais plutôt le roman entre la fantasy et la SF – écrit par un auteur français, Alain Damasio, qui a rencontré un beau succès. La preuve en est que je suis tombé sur ce titre en parcourant la liste de la bibliothèque idéale de la fantasy proposée par le Cafard Cosmique – une référence en la matière. Eh oui, parfois ça me prend comme ça et je me dis “je me lirais bien un roman de fantasy”. Je ne me suis pas laissé impressionné par le nombre de pages (plus de 700) et j’ai attaqué la lecture bille en tête sans a priori.
Et là, il faut rendre hommage à l’auteur car on peut dire qu’il est parti d’une copie vierge. L’histoire qu’il nous raconte et l’univers dans lequel elle se déroule sont complètement inédits. Il a imaginé un monde balayé par les vents – un peu comme à Perpignan, mais en pire. Je précise, le vent ne souffle que dans un sens, depuis le haut du monde vers le bas. Ce bout du monde, car il faut bien le nommer ainsi, personne ne l’a jamais vu. La tradition veut qu’un groupe d’aventuriers, la horde, tente de remonter depuis le bas vers le haut face au vent autrement dit contre le vent – vous devinez donc désormais l’origine du titre. Ils font ça dans la tradition, c’est-à-dire à l’ancienne, sans l’aide de machines et de la technologie moderne, uniquement en bénéficiant du savoir acquis par les précédents aventuriers. Dans ce groupe tout est codifié du rôle de chacun à la position à adopter face au vent – un peu à la manière des mêlées au rugby.
Côté technique d’écriture, l’auteur a opté pour le choix audacieux de la polyphonie, comme dans La Compagnie Noire. Il fait donc parler tour à tour plusieurs des personnages composant la horde. L’originalité réside dans la manière d’identifier le narrateur. Celui qui parle est représenté par un symbole, un glyphe, qui lui est propre. Je vous conseille de disposer d’une antisèche sous peine de ne pas vous y retrouver et d’être complètement perdu – il paraît qu’il existe un marque page spécial que je n’avais pas, sans une telle aide il est très désagréable de se demander en permanence qui parle. Ce choix n’apporte pas grand chose si ce n’est une certaine confusion et un rôle tout trouvé à Gérard Depardieu, celui du Golgoth, si le livre est adapté au cinéma. Pour le reste, la narration est d’une linéarité déprimante. Peut-être était-il impossible de combiner un schéma narratif plus élaboré et les multiples voix sans perdre définitivement le lecteur au milieu d’un schéma narratif matriciel. Le vent, c’est bien connu, ça énerve. Après avoir lutté et essuyé quelques bourrasques je suis rentré me mettre à l’abri. L’originalité ne suffit pas sur la durée.
Alain Damasio, La Horde du Contrevent, Gallimard, coll. « Folio SF », 2015, 726 p, Amazon.