Avant d’être un romancier à succès, Jean Teulé était scénariste de bande dessinée et chroniqueur à Canal+ – et avait les cheveux longs. C’est au cours de cette ancienne vie qu’il croisa la route de celui qui portait le pseudonyme de Charlie Schlingo. Schlingo, de son vrai nom Jean-Charles Ninduab, était dessinateur et scénariste de BD.
Cette biographie en bande dessinée s’intéresse pourtant plus à ses frasques qu’à son travail. Il faut dire qu’il n’y allait pas avec le dos de la cuillère, beuveries et bagarres sont au programme et en voyant cela, c’est peu de dire que cet écorché vif a brulé la chandelle par les deux bouts. Le résultat ressemble donc plus à une suite d’anecdotes qu’à une biographie. Jean Teulé et la dessinatrice, Florence Cestac le connaissaient personnellement et leurs choix sont forcément légitimes et ce sont ces moments qu’ils ont choisi de retranscrire. J’ai pourtant un doute sur l’anecdote de la table basse. Jean Teulé savait-il que Schlingo s’y cognait la jambe lors de ses visites chez sa grand-mère ou a-t-il inventé cette anecdote pour faire écho au rôle que jouera plus tard cette table ?
Parmi les points négatifs, je ne suis pas du tout réceptif aux dessins de Florence Cestac et je n’ai donc pas apprécié l’aspect graphique de ce livre. Enfin, n’ayant pas vécu cette époque un peu folle – dommage –, c’est un peu-être un peu plus compliqué de comprendre l’atmosphère un peu particulière de ces années 80. Point positif, on suivra en filigrane l’épopée de certaines publications mythiques comme Hara-Kiri dirigée par un professeur Professeur Choron très réussi.
Ils sont parvenus à retranscrire la profonde détresse que devait ressentir cet homme. Détresse certainement liée à son enfance difficile marquée par la poliomyélite et le rejet de ses parents. Mission largement accomplie sur ce plan, je suis sorti déprimé de cette lecture. Ce sentiment mitigé n’enlève rien à cette belle initiative qui a le mérite de mettre en lumière cet artiste atypique aujourd’hui disparu.
Florence Cestac et Jean Teulé, Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps, Dargaud, 2009, 48 p, Amazon.