Voici mes premières impressions à chaud. J’adore les dessins, de la belle ligne claire, des aplats de couleur bien choisis, tout ce que j’aime. Après la première scène à l’aéroport, je me dis que le personnage de la grand-mère a beaucoup de potentiel. Je commence à deviner des éléments de l’histoire, mais je ne sais pas trop où elle me mène. Je me laisse porter et j’aime ça. Enfin, plusieurs premières. Actes Sud en BD et une traduction de l’hébreu. Donc beaucoup d’enthousiasme en débutant ma lecture.
Je n’ai pas été déçu, et ma première impression à été la bonne. L’histoire est celle d’une grand-mère israélienne qui retourne dans son pays d’origine la Pologne. Pays qu’elle a fui a l’époque de la mise en place du ghetto. Elle revient à contrecoeur dans ce pays qui lui ait désormais étranger pour reprendre ce qui lui revient, sa propriété.
Je ne m’étais pas non plus trompé sur les personnages, la grand-mère est vraiment le personnage qui porte le récit. D’une part parce qu’elle est au centre de l’histoire, mais aussi par son caractère, sa personnalité affirmée. Ce n’est pas si souvent qu’une grand-mère tient le devant de la scène et ce n’est pas pour me déplaire.
Je déplore d’ailleurs que l’auteur ne se soit pas contentée de nous raconter son histoire et qu’elle ait cru bon d’ajouter en miroir celle de sa petite fille. Il y avait assez de fond pour s’en passer et je trouve dommage qu’il faille toujours sacrifier aux exercices imposés dans ce registre – je n’en dit pas plus, mais je pense que vous voyez ce que je veux dire. Ici ce que je qualifie d’artifice ne sert pas l’histoire, bien au contraire.
Malgré ce petit pinaillage, il s’agit tout de même d’une grande réussite notamment – je le redis – sur le plan graphique. Ce n’est pas pour rien que ce livre à reçu le prix spécial du jury à Angoulême en 2014. Vive donc les découvertes lorsqu’elles sont à ce niveau de qualité.
Rutu Modan, La propriété, traduit par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 2013, 220 p, Amazon.