J’ai entendu parler de Frédéric Bernard pour la première fois lors de la sortie de Chroniques de la vigne: conversations avec mon grand-père1 – je l’avais offert à un ami (amateur de vin) et j’avais raté de peu la séance de dédicace organisée à Toulouse à la librairie Terres de Légendes. C’est d’ailleurs à l’issue d’une discussion avec le libraire que mon regard s’est posé pour la première fois sur La patience du tigre – très belle couverture. Jean-Pascal m’avait alors dit quelque chose comme “il est encore meilleur dans le noir et blanc” – en plus intelligent évidemment. J’ai fait main basse dessus lorsque je l’ai croisé pour la deuxième fois à la bibliothèque et je ne l’ai pas regretté – au moins au début.
L’histoire commence par un mystère, un meuble italien appelé Strippo qui recèle des secrets. Ces secrets sont des indices qui conduisent à un trésor. Et c’est parti pour la grande aventure. Il y a beaucoup, beaucoup de choses dans cette BD : de l’ésotérisme, de l’aventure, des voyages, de l’amour, des histoires de famille, des histoires d’amitié et de très beaux dialogues. Les dialogues sont intelligents, drôles, bien sentis et fort à propos, mais il y en a beaucoup – même les oiseaux discutent. Tout le monde parle tellement que l’on en vient à perdre le fil de l’histoire et à ne plus savoir pour quelle raison tout ce petit monde a atterri en Inde.
Sur le plan graphique la première impression de dénuement fait vite place au plaisir de découvrir de belles planches finalement assez fouillées. Idem pour les personnages qui ne semblent qu’esquissés au premier abord, mais qui se révèlent étonnamment expressifs et beaux au fil des pages – enfin belles surtout.
Un histoire originale, des dessins accrocheurs, d’excellents dialogues, le tout présenté dans une très belle édition reliée, la recette était presque parfaite, au dosage près.
Frédéric Bernard, La patience du tigre, Casterman, coll. « Ecritures », 2012, 501 p, Amazon.