La survie de l’espèce ou comment parler de façon drôle et décontractée de l’économie – sujet éminemment sérieux qui fait prendre un ton grave aux journalistes et aux politiques. Vous voulez un exemple de ton décontracté, voici un patron qui s’exprime : “[…] et s’il faut vous attacher les couilles à vos pelleteuses pour y arriver, croyez-moi que j’ai du scotch !” et voici un ingénieur qui a une grande idée : “Je veux remplacer les cons par des machines.” Cette satire du capitalisme ne serait qu’une bonne farce si elle ne contenait pas, malheureusement, une part de vérité.
La mère de Judith [52 ans assistante de direction] était femme au foyer. Dans la génération de Judith, on a doublé la productivité de l’humanité en mettant les femmes au travail.
Même si elle est clairement à charge, cette BD a le mérite de jouer la carte de l’électrochoc pour tenter de nous décoller de notre addiction à la société de consommation et donc au capitalisme. L’humour et l’intelligence des situations aident à faire passer des propos qui pourraient trouver leur place dans un discours de la LCR. Même parti pris pour l’aspect graphique, les salariés sont représentés comme des Lego et le grand capital est incarné par le personnage en chapeau haut-de-forme du Monopoly.
La première moitié du livre est excellente, mais la fin l’est un peu moins. On sent un essoufflement, un discours moins clair qui a moins d’impact et qui, je trouve, se perd un peu – j’étais peut-être un peu fatigué. Ce petit bémol ne remet pas en cause le bon moment que j’ai passé. En refermant le livre, je repense à une autre BD sur le même thème : Economix1. Elle semble être plus orientée histoire de l’économie, mais, à voir la couverture, il semblerait que la démonstration soit la même.
Paul Jorion et Grégory Maklès, La survie de l’espèce, Futuropolis, 2012, 120 p, Amazon.