Amateurs de feux de cheminée, ce livre est fait pour vous. L’auteur consacre 200 pages à cet art ancestral. L’homme a toujours été fasciné par le feu, il faut croire que c’est le cas de Pierre Patrolin qui, après avoir traversé la France à la nage se réchauffe au coin de la cheminée en regardant monter la Seine.

Plus sérieusement, ce texte est un poème en prose. L’écriture est magnifique et l’auteur, avec ce livre extrêmement curieux, parvient à créer une ambiance, une atmosphère. Il pleut sur Paris. La Seine monte et menace de déborder. L’homme est seul chez lui et arpente la capitale à la recherche de bois pour alimenter son feu. Cette obsession le pousse à se saisir de tout ce qui peut brûler, de la planche de chantier à la boîte de camembert.

Il faut le lire en automne ou en hiver lorsqu’il pleut dehors et que l’on est bien au chaud chez soi lové dans son canapé – et non comme l’imbécile que je suis en plein été lorsqu’il fait plus de 35 degrés et que la seule évocation des flammes suffit à faire perler des gouttes de sueur sur votre front. Il faut surtout savourer les mots, les décortiquer, les relire pour faire sonner les phrases, prendre le temps. Rien ne presse, il pleut dehors, il n’y a rien d’autre à faire qu’écouter craquer le feu, que regarder ces flammes lécher et finir par réduire en cendres les fibres du bois.

Ce livre est une expérience étonnante, un livre d’ambiance que certains apprécieront alors que d’autres ne comprendront pas pourquoi un tel livre a été imprimé. Je me situe dans la première catégorie même si j’avoue avoir trouvé le temps long vers la fin. J’aurais peut-être plus apprécié une longue nouvelle. Mais l’expérience vaut vraiment la peine, pour peu qu’on la tente en connaissance de cause.

P.-S.: C’est en lisant le titre du livre à haute voix que je me suis rendu compte du jeux de mot La montée des cendres.


Pierre Patrolin, La montée des cendres, POL, 2013, 192 p, Amazon.