Dès les premières pages le lecteur est plongé dans une ambiance. Un mélange à la fois sombre et froid assez intriguant, mais très marqué. Ce n’est pas seulement la couleur qui est à l’origine de cette réussite. La mise en page innovante, la circonspection dans les dialogues et le découpage y sont aussi pour beaucoup. L’ensemble fonctionne très bien et l’immersion est totale.

Depuis La Fontaine – et peut-être avant – les animaux ont été utilisés par les hommes pour dénoncer les travers de leurs semblables. Ici ce ne sont pas des animaux mais des êtres anthropomorphes qui sont mis en scène. Ils sont les acteurs d’une guerre civile et de ce que l’on pourrait qualifier soit de résistance ou de terrorisme selon le côté où l’on se trouve – on va donc dire résistance. Ces éléments d’ordre politique viendront, comme toujours, impacter des relations familiales et amicales.

La narration est subtile, beaucoup de choses sont seulement évoquées. Le lecteur dispose donc de son espace de liberté qui fait la profondeur du récit. On s’attache aux personnages et leur destin tragique rend l’histoire vraiment poignante. Lorsque les hommes sont confrontés à des évènements qui les dépassent on observe leur vraie nature, les masques tombent et le courage et la lâcheté, ces vieux ennemis, s’opposent une fois encore.

On ne peut conclure sans s’intéresser à ce qui saute aux yeux lorsque l’on feuillète ce livre : les dessins. Ou plutôt devrais-je dire les peintures. L’auteur a utilisé la technique de la couleur directe et signe des aquarelles faites de flous, d’ombres et d’esquisses qui servent parfaitement le récit. Les décors et les personnages bénéficient à part égale de ce très beau travail qui donne un cachet tout particulier à cette BD.

Ce one shot est le premier livre d’un auteur très prometteur dans la pure tradition des grands Graphic novels américains. A conseiller sans réserve, une très belle réussite qui est passée un peu trop inaperçue et qui mérite largement que l’on s’y intéresse.

Je remercie les éditions Cambourakis ainsi que Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre dans le cadre du programme Masse critique.


S. M Vidaurri, Iron ou La guerre d’après, Cambourakis, 2013, 160 p, Amazon.