Avis aux rats de bibliothèque, à ceux qui ont toujours un livre dans leur sac et une pile qui les attend chez eux, à ceux qui ne lisent pas que sur le siège de leurs toilettes ou chez le dentiste, bref à ceux qui aiment bouquiner. J’insiste sur le verbe bouquiner qui forme le titre du livre en marquant bien sa différence avec le verbe lire. Contrairement à lire qui est assez froid et impersonnel, bouquiner revêt une consonance affective et fait basculer immédiatement le propos dans le registre des sentiments. A entendre ce verbe sympathique on imagine un livre de poche écorné – disons un Folio ou un 10/18 – à la tranche jaunie et au dos fatigué d’avoir été tordu par des mains curieuses – il est vrai que l’on s’imagine mal en train de bouquiner un cahier des charges, un contrat ou une autre joyeuseté du genre.
J’adore lire et pourtant je n’aime pas ce verbe bouquiner. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais le résultat est là, je ne l’utilise jamais – non, non ce n’est pas du snobisme. Cette assertion arbitraire est peut-être l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas aimé ce livre. Pourtant au delà du texte, je suis attaché au livre en tant qu’objet sans pour autant le sacraliser. Même si je suis matérialiste et que j’achète beaucoup – trop – de livres papier, il m’arrive souvent de lire des livres électroniques – sacrilège.
Annie François était une fan de bouquins, une maniaque. Elle en avait fait son métier puisqu’elle était éditrice. Elle raconte dans ce livre des anecdotes gravitant toutes autour du livre et de la lecture. Mon sourire de connivence du début s’est progressivement effacé au fil des pages. Sans remettre en cause ses propos – ils sont certainement vrais ou pas, en fait ce n’est pas très important – j’ai trouvé qu’ils étaient trop dans la caricature ou le cliché. Je savais à quoi m’attendre et j’abordais ce livre avec beaucoup d’enthousiasme mais je n’ai malheureusement pas accroché. Pourtant, je pense que d’autres le bouquineront avec enthousiasme – à condition de disposer d’un exemplaire acheté d’occasion évidemment.
Annie François, Bouquiner : Autobiobibliographie, Seuil, 2002, Amazon.