Ce livre est un concentré de bonheur. Il éclate à chaque page avec ses beaux dessins et ses couleurs. C’est un carnet de voyage dessiné, presque une bande dessinée mais pas tout à fait. Il retrace les deux mois passés par Florent Chavouet sur une petit île du Japon. Une carte détachable de grand format offrant une vue détaillée de l’île figure à la fin de cet ouvrage qui par ailleurs fourmille de dessins de paysages, de monuments ou plus simplement d’habitations – les dessins de l’intérieur des habitations sont excellents avec leur perspective étonnante et leurs commentaires toujours très drôles.

Sur cette île vit une poignée d’habitants dont le jeune auteur nous propose une galerie de portraits qui transforme ces villageois en véritables personnages. Chez chacun il sait trouver le détail, l’anecdote, l’habitude, le surnom, bref le détail qui donne vie au personnage. Il parvient a été très drôle, un brin moqueur mais reste, à l’image des habitants, toujours respectueux et bienveillant à l’égard de ses hôtes. La vie s’organise autour de l’activité principale qui est la pêche – ce n’est pas une île touristique, ouf. Cette activité est donc un sujet qui figure en bonne place dans le livre. L’auteur nous détaille les techniques, les poissons et, le meilleur, comment cuisiner le produit de la pêche. Enfin, j’oubliais, lorsqu’il y a des poissons, les chats ne sont pas bien loin. Sur cette île sévit une véritable mafia, une guerre des gangs sans merci trouble la quiétude des habitants. Florent Chavouet n’a écouté que son courage et a pris tous les risques pour nous livrer, tel un journaliste d’investigation, une situation complète – carte à l’appui – de la guérilla féline.

Il a réussi à dessiner les moments qui font aimer la vie, à les capturer. On ne les voit pas toujours pourtant ils sont là devant nos yeux ces plaisirs simples partagés avec des gens que l’on apprécie. Il nous donne envie de tout lâcher pour partir découvrir cette sérénité, ce respect et cette considération qui caractérisent la culture japonaise. Le traitement qu’il en fait sort des sentiers battus. Sa technique de dessin respire la bonne humeur. Les dessins sont expressifs et très colorés et les légendes et commentaires écrits un peu partout sont un vrai régal. C’est aussi – j’insiste – une belle leçon d’humour, il nous montre que l’on peut être drôle sans l’être au dépend des gens – sauf pour le poulpe qui manifestement a été blessé pendant la réalisation de ce livre. Un grand coup de coeur dans lequel je replongerai certainement à nouveau pour prendre une grande bouffée d’oxygène.

Florent Chavouet avait déjà publié un livre très semblable racontant quelques mois passés à Tokyo : Tokyo Sanpo1. Enfin, pour vous faire une idée, n’hésitez pas à faire un tour sur le site de l’auteur ou son blog.


Florent Chavouet, Manabé Shima, Philippe Picquier, 2010, 142 p, Amazon.


  1. Florent Chavouet, Tokyo Sanpo, Philippe Picquier, 2009, 206 p, Amazon↩︎