Un dimanche, je suis tombé par hasard sur un reportage consacré à Bobby Fischer. Je suis resté scotché devant l’écran, fasciné par la vie singulière de cet homme. Pour ceux qui ne le connaitraient pas – j’en faisait partie – Bobby Fischer était un champion d’échec hors norme, l’un des plus grands de tous les temps. Il fut champion des Etats-Unis (catégorie adulte) à seulement quatorze ans. En fier représentant de son pays, il vaincu, en pleine guerre froide, l’un des maîtres de la grande école Russe Borris Spassky et devint ainsi champion du monde – un héros pour la patrie. S’en suivit une longue descente aux enfers matérialisée par une grave paranoïa. Suite à ce reportage qui m’a beaucoup marqué, je me suis mis en quête d’un livre abordant ce sujet. Je ne voulais pas lire l’histoire de Fischer que je venais de visionner et cherchais quelque chose dans le même registre. Je l’ai trouvé, il s’agit de La défense Loujine écrit par le grand écrivain Vladimir Nabokov.
Loujine est le patronyme du personnage principal dont nous allons suivre toute la vie. Enfant difficile, le jeune Loujine découvrira par un hasard heureux ou malheureux le jeu d’échec. Sa vie en sera irrémédiablement bouleversée, soufflée car c’est une passion dévorante qui s’empare de lui et qui accaparera complètement son cerveau en l’enfermant dans des réflexions infinies.
Nabokov est un grand auteur et ça se voit tout de suite. Le début du livre est particulièrement réussi, la fin est un peu plus difficile et moins convaincante. Reste la passion, le démon du jeu qui est parfaitement restitué. Si vous vous demandez ce que signifie “la défense” dans le titre du livre, lisez cet extrait:
Mais, à dater de ce jour, il n’eut plus de repos: sans doute aurait-il dû inventer une défense contre cette combinaison perfide, pour s’en délivrer ; mais il n’était pas encore possible d’en deviner le but ni la direction fatale.
Vladimir Nabokov, La défense Loujine, Gallimard, 1991, 281 p, Amazon.