D’habitude je suis client des romans de Ryû Murakami. Ils se déroulent souvent dans un japon désenchanté en proie à la violence gratuite. Il ose choquer et raconter des histoires sordides qui font réagir. Ce roman n’échappe pas à la règle puisque la violence est à peu près le seul thème du livre. Le vide laissé volontairement à côté de celle-ci met en exergue le non sens de l’existence, du nihilisme pur. Pour en revenir à l’histoire, il s’agit pour schématiser d’un gros règlement de compte entre deux bandes. Ceux qui se livrent une lutte sans merci ne font pas partie d’un gang comme les Yakuzas mais sont une bande de jeunes en pleine régression et un groupe de femmes ayant comme point commun d’avoir raté leur vie et de se prénommer Midori.
En orchestrant l’affrontement de ces deux groupes de paumés, Murakami illustre parfaitement le déclin de la société nipponne. Le rendu est très graphique, on se croirait parfois dans un dessin animé, une BD ou quelque chose de très stylisé comme Kill Bill. J’oubliais de vous donner une explication pour le titre. Il est tout simplement inspiré par la passion commune de l’ensemble des protagonistes pour le karaoké.
Le tableau semblait assez savoureux – en tout cas à mon goût. Pourtant, je n’ai pas été convaincu et je me suis même ennuyé ferme voire agacé. Les raisons sont nombreuses à commencer par les personnages qui sont à peine survolés par l’auteur et que j’ai eu beaucoup de mal à distinguer – c’est vrai que quand toutes les filles s’appellent Midori c’est un peu plus compliqué. L’histoire ne décolle pas et, pour couronner le tout, la mise en texte utilise des procédés pour transposer certaines expressions orales qui rendent la lecture extrêmement pénible. Si vous aviez décidé de découvrir Ryû Murakami commencez par un autre livre.
Ryû Murakami, Chansons populaires de l’ère Showa, traduit par Sylvain Cardonnel, Philippe Picquier, 2011, 197 p, Amazon.