Nagasaki, la tristement célèbre, est le lieu où se déroule cette histoire. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’est pas liée au destin tragique de la ville. A une tout autre échelle, elle a été le théâtre d’un fait divers d’une importance bien moindre qui, sans son originalité, n’aurait pas occupé plus d’un entrefilet dans le journal local. La victime est un météorologue qui vit seul et mène une vie quasi monacale et très ordonnée – limite maniaque. Or, depuis quelques jours un grain de sable s’est glissé dans cet engrenage bien huilé. Il a remarqué quelque chose d’étrange qui se produit chez lui, dans sa maison, probablement en son absence. Huit centimètres, ai-je lu. Il ne restait que huit centimètres de boisson, contre quinze à mon départ … Quelqu’un s’était servi. Or je vis seul.

Que se passe-t-il ? Est-ce une farce des voisins, un fantôme – un kami – particulièrement gourmand ou perd-il tout simplement la raison ?

Éric Faye réussi avec ce court roman, et à travers ce qui pourrait passer pour une anecdote, à transmettre beaucoup d’émotion. Il évoque en moins de 100 pages la solitude et la détresse qui peuvent sévir dans notre société moderne. Il nous parle de l’attachement de l’homme aux lieux marquants de son existence et met en scène un fantastique rendez-vous manqué. Un petit livre plein de charme que je vous conseille de lire.


Eric Faye, Nagasaki, Stock, 2011, 94 p, Amazon.