Dès les premières pages, on pense tout de suite à Chris Ware, à son travail d’une précision quasi maniaque. Les dessins ligne claire au cordeau, les aplats de couleurs harmonieux produisent le même effet, on ne peut qu’être séduit. On retrouve d’autres similitudes comme le décor d’une petite ville américaine et l’immersion dans une lower class à la lisière de la dépression. Dans ce cadre, vivent deux jeunes gens un peu paumés voyant leur vie au travers d’un hublot. Pour Larry, c’est celui d’une fusée ou d’un casque de cosmonaute. Arrivé à la trentaine, il est encore englué dans ses rêves d’enfant instillés par l’influence d’un père aviateur. Depuis, il vit la tête dans les nuages ou plutôt dans les étoiles.
Pour Alice, les rêves sont plus terre à terre et c’est le hublot d’une machine à laver de lavomatique qui sert de fenêtre sur sa vie. Elle la compare au linge qui n’a de cesse de s’agiter mais ne peut que tourner en rond et finit par s’user. C’est la rencontre de ces deux personnes à peine sorties de l’adolescence que nous raconte ce livre.
C’est une très belle histoire contée avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Les magnifiques dessins et l’ambiance feutrée engendrée par un traitement de la couleur très réussi y sont certainement pour beaucoup. Elle illustre, sans jamais tomber dans le mélodrame, les questionnements et les hésitations liés au passage tardif à l’âge adulte. C’est un très bon one shot par un jeune auteur français talentueux et prometteur.
P.-S.: Merci à C. qui m’a offert ce livre :} pour Noël.
Aurélien Maury, Le dernier cosmonaute, Editions Tanibis, 2011, 93 p, Amazon.