Hoffman est un diplomate néerlandais qui occupe depuis peu le poste d’ambassadeur à Prague. Cet homme se suicide à petit feu en ingérant de la nourriture et de l’alcool. Il s’adonne à ce rituel destructeur la nuit, durant ses longues insomnies. Il ne dort quasiment plus depuis bien longtemps. En fait, depuis que la vie, après une enfance difficile décapitée par la guerre, lui a joué des tours encore plus cruels. Depuis peu, ses nuits sont devenues plus supportables, depuis la découverte dans le grenier de son logement de fonction, d’un volume de Spinoza. Mais, ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il risque bien d’être impliqué dans une affaire d’espionnage.
Il avala une goulée de vin pour retrouver son calme mais l’alcool attisa encore les flammes sur lesquelles son âme rôtissait.
J’attendais beaucoup de ce roman. Le début du livre ne pas déçu, les descriptions de ce processus boulimique, de la souffrance d’Hoffman sont vraiment très réussies. Par contre, il est difficile de percevoir le lien avec l’intrigue d’espionnage qui est menée en parallèle. Cette dichotomie donne l’impression que ces deux histoires sont comme l’huile et l’eau, elles ne parviennent pas à se mélanger. Elles ont un caractère complètement différent, la première joue sur la corde sensible, la deuxième est beaucoup plus froide et terre à terre et semble parfois même avoir été ajoutée artificiellement au récit. Dommage car ce livre est souvent très profond et bien écrit – les descriptions des symptômes physiques extrêmement crues sont percutantes. Les ingrédients étaient là pour faire de ce roman un très bon livre mais je n’ai malheureusement pas été convaincu.
Leon De Winter, La faim de Hoffman, traduit par Philippe Noble, Seuil, coll. « Points », 2006, 356 p, Amazon.