Haruki Murakami est un grand auteur japonais. Ses romans se caractérisent pas l’insinuation du fantastique, bien souvent poétique, dans le quotidien des personnages. Il surgit incidemment, sans que l’on sans rende vraiment compte, un peu comme quelque chose qui nous paraît bizarre mais que l’on ne remarque pas tout de suite. Puis, petit à petit, il prend de l’importance et devient prépondérant dans l’histoire. N’allez pas croire pour autant que c’est là, et uniquement là, que réside l’intérêt de ses romans. Le quotidien, qui chez d’autres peut être insignifiant et ennuyeux, est souvent particulièrement intéressant et agréable à lire – je suis convaincu qu’il y a beaucoup à apprendre de cet auteur sur ce point. C’est certainement lié aux détails, aux ambiances, reconnaissables entre milles, qu’il parvient à dépeindre. On se sent tout de suite parfaitement à l’aise et on prend beaucoup de plaisir à boire une bière ou à préparer un repas en compagnie de l’un des personnages. A rêver avec eux et à basculer peu à peu dans l’autre monde. C’est exactement le cas de ce livre. L’auteur nous propose de vivre une aventure au côté d’un publicitaire qui va être confronté à une drôle d’histoire, une véritable quête à la recherche d’un mouton !
Je suis un grand amateur des oeuvres de Murakami mais je pense que ça ne doit pas être la cas de tout le monde. Je suis très sensible à sa façon d’écrire et j’apprécie beaucoup l’originalité de ses romans. Celui-ci est particulièrement prenant et flirte avec le fantastique jusqu’à y sombrer complètement dans une fin assez déstabilisante – je n’ai pas tout compris mais ce n’est pas très grave ni très important. Ce roman est l’un des premiers de l’auteur et comme chacun sait, les premiers romans recèlent de nombreux éléments autobiographiques. Celui-ci n’échappe pas à la règle. Avant d’être un talentueux romancier, il a été patron de bar et vous retrouverez en J. certains traits communs avec l’auteur. Ce n’est pas le premier livre de Murakami que je lis et je suis toujours client de sa prose qui m’enchante à chaque fois. Par contre, certains seront totalement déstabilisés par la bizarrerie de l’histoire et décrocheront sans l’apprécier – d’ailleurs si quelqu’un a une théorie pour expliquer la fin du livre, je suis preneur.
Haruki Murakami, La Course au mouton sauvage, Seuil, 2002, 377 p, Amazon.