Jean-Baptiste Del Amo est un jeune auteur français qui, après la publication d’un recueil de nouvelles, a fait une entrée remarquée dans le monde de la littérature en décrochant le prix Goncourt du Premier Roman pour Une éducation libertine1. Il revient avec un nouveau roman au titre court mais évocateur, Le sel. On pense d’abord à la mer, c’est la première chose qui vient à l’esprit. Puis aux larmes peut-être et au sel qui ravive les blessures. Il y a tout ça dans ce livre mais les lecteurs découvriront au fil des pages que bien d’autres choses peuvent avoir le goût du sel. C’est un livre sur la famille et les malheurs qui peuvent la frapper. Ces malheurs qui macèrent au fond des coeurs et gonflent pour jaillir enfin en une bile brulante mais salvatrice.
Le livre est construit sur une journée qui doit s’achever par un repas réunissant, autour de la mère, l’ensemble de la fratrie. Le récit, tendu vers ce final est ponctué de réminiscences. L’auteur nous fait tour à tour visiter les pensées, les souvenirs et les douleurs de chacun. Par ces touches disparates mais concentriques, il nous peint le tableau de cette famille balafrée. Cette construction n’est pas sans rappeler celle de Mrs. Dalloway. L’auteur y fait d’ailleurs explicitement référence vers la fin de son roman et cite également Virginia Woolf dans son épigraphe. L’écriture de Jean-Baptiste Del Amo est belle et érudite, elle confère la gravité nécessaire à ce récit très dur, très lourd qui aborde sans pudeur des thèmes comme la sexualité, l’homosexualité, l’amour et sa déliquescence, la maladie et la mort.
Ce n’est ni son style ni sa construction qui rend la lecture de ce livre difficile mais c’est bien ce qu’il fait résonner en nous qui est parfois dur à encaisser. Un grand bravo pour ce livre d’une extrême sincérité.
P.-S.: Un grand merci à C. qui m’a offert ce livre en cadeau.
Jean-Baptiste Del Amo, Le sel, Gallimard, 2010, 304 p, Amazon.