Fabien Vehlmann est l’un des scénaristes de BD qui a le vent en poupe. Après son travail remarqué sur Seuls, Le Marquis d’Anaon ou encore Des lendemains sans nuage, il signe ici un scénario ambitieux au magnifique titre en oxymore publié par Futuropolis. Tellement ambitieux d’ailleurs que je vais être bien en peine pour vous en parler. Nous suivons Elijah qui exerce la profession de détective ou de policier philosophe. Jusqu’ici, c’était facile. Dans cet univers complètement original, l’on ne tue pas vraiment les gens – ou très rarement – mais leurs échos, c’est à dire des représentations physiques d’une personne source – un peu comme des clones. Elijah est l’un des enquêteurs les plus prestigieux et est chargé de résoudre des affaires complexes dont certaines peuvent impliquer des peuples aux cultures complètement différentes.
Résoudre un crime vieux de plusieurs milliers d’années. Ca vous tente ?
L’esthétique de la BD est très réussie, des dessins simples – c’est Gwen De Bonneval qui les a réalisé – utilisant du noir et un lavis bleu pale confèrent une poésie et une unité à l’ensemble. Tout est à l’avenant, le design des personnages – celui d’Elijah correspond très bien au personnage – mais aussi l’architecture des bâtiments et les paysages. C’est un très beau conte philosophique sur la relation entre les êtres – a fortiori ceux qui ne partagent pas le même référentiel et donc ceux qui ne se comprennent pas. Il traite aussi de la vie diluée par les moyens de communication et les barrières protectrices que nous mettons entre nous et les autres et qui aboutissent au final à une perte de sens. Deux sujets qui sont plus que jamais d’actualité.
Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann, Les derniers jours d’un immortel, Futuropolis, 2010, 152 p, Amazon.