Geraldine Brooks a décidé de réutiliser l’univers du roman de Louisa May Alcott, Les Quatre Filles du docteur March. Pour cela, elle a choisi de centrer son histoire, non pas sur les filles, qui vivent seules avec leur mère, mais sur le père de famille le fameux docteur March. Elle souhaite nous raconter ce qui se passe de l’autre côté du roman originel, ce que vit ce père absent. Le roman est construit sur plusieurs plans temporels. Le plan principal raconte la participation de March à la guerre de sécession en tant qu’aumônier militaire. Les évènements qu’il vit sont l’occasion pour lui de revenir sur son passé.

C’est un roman très bien écrit dans un style très classique et plaisant à lire qui se veut – je pense car je n’ai pas lu le livre – proche de celui de Louisa May Alcott. Je dois confesser que ma connaissance de son oeuvre se limite à mes souvenirs de la série d’animation japonaise que je regardais enfant – j’ai honte.

Je trouve particulièrement intéressante l’idée de poursuivre l’oeuvre d’un écrivain, de ce servir de ce même matériau pour façonner une autre oeuvre et en donner sa propre vision. Ce n’est pas toujours fait a bon escient, – certains continuateurs de l’oeuvre de Conan Doyle auraient mieux fait de s’abstenir - mais c’est ici un très bon choix pour évoquer d’une manière originale le thème de l’esclavage. Geraldine Brooks se sert du personnage de March pour relater le combat d’un humaniste et d’un progressiste perdu au sein d’une période d’obscurantisme déchirée par la guerre et par l’exploitation des hommes. Elle nous montre aussi que cet homme, si irréprochable qu’il soit dans son engagement et ses actes en faveur des autres, n’a pas qu’une seule facette et peut receler des failles et des côtés plus sombres. Mais elle n’explore pas que les côté négatifs, c’est également un roman sur les valeurs de la famille dans un contexte historique riche. On apprend beaucoup sur cette période fondatrice des Etats-Unis et on pourra même croiser dans ce roman des personnages réels comme Henry David Thoreau. Ce n’est pas le genre de roman que je préfère mais il est indéniablement d’une grande qualité et d’un grand intérêt et séduira, à n’en pas douter, un public nombreux.

Je remercie les éditions Belfond ainsi que Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre dans le cadre du programme Masse critique.


Geraldine Brooks, La solitude du docteur March, Belfond, 2010, 339 p, Amazon.