On plonge dans ce roman de Michael Chabon comme dans les eaux glacées de l’Alaska. Les premiers moments sont douloureux et l’on ressent d’emblée un profond étourdissement. On est submergé par les dialogues colorés truffés d’expressions yiddish – à tel point que le livre dispose d’un glossaire. On ne sait pas trop où l’auteur veut en venir puis, aux détours de ses circonlocutions, commence à émerger la trame de l’histoire.

Il s’agit d’une uchronie à 180° dans laquelle les Juifs ne sont pas rassemblés en Israël mais sur les terres accueillantes de l’Alaska ! Nous suivons une enquête sur un homme retrouvé mort dans l’hôtel miteux qu’occupe le personnage principal de l’histoire, Meyer Landsman. Il va vite s’apercevoir que cet homme n’est pas un simple paumé de plus croupissant dans ce lieu malfamé.

Michael Chabon nous ressort le coup du policier alcoolo, fumeur, solitaire et divorcé pourvu d’un sens du devoir sur-développé – une sorte de Bruce Willis dans une journée en enfer à la sauce yiddish. On peine à suivre une histoire qui a beaucoup de mal à décoller et à trouver son rythme de croisière. Les bavardages incessants et l’abus du jargon n’apportent rien au roman et ratent leur vocation humoristique en agaçant profondément le lecteur que je suis. La concision n’est donc pas le maître mot ici, l’auteur a même tendance à en faire des tonnes et les 500 pages sont dures à avaler. Je suis étonné d’avoir une telle opinion d’un livre qui a été plutôt bien accueilli par la critique en étant, notamment, le lauréat du prix Hugo roman 2008. J’avais ressenti quasiment la même chose avec le lauréat de 2002 American Gods de Neil Gaiman, le prix Hugo n’est donc décidément pas pour moi …


Michael Chabon, Le club des policiers yiddish, traduit par Isabelle Delord-Philippe, 10/18, 2010, 541 p, Amazon.