Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité.
Voici une des phrases tirée du Voyage d’hiver, la cuvée 2009 d’Amélie Nothomb. La romancière belge n’est pas médiocre, loin s’en faut et je ne me réjouis pas non plus que ce livre ne fasse, selon moi, pas partie de ses meilleurs ouvrages. Classé dans la catégorie des romans non autobiographique, je le situerais entre Journal d’Hirondelle et Le fait du prince, bien loin des géniaux Hygiène de l’assassin, Cosmétique de l’ennemi et Mercure. Comme toujours chez elle, il y a des prénoms bizarres, un phrasé parfaitement maîtrisé, de très bonnes idées, une intrigue originale et un tout se déroulant dans un mouchoir de poche. On est loin de la débauche de personnages et de décors que l’on peut trouver chez certains auteurs.
Encore une fois je reste sur ma faim, j’ai l’impression qu’elle n’est pas allée au bout et que ses idées auraient pu être mieux ou plus exploitées. Toutefois, Amélie Nothomb ne manque pas d’humour en ajoutant la phrase suivante dans son roman :
J’appréciais par ailleurs qu’il n’y ait pas de photo de l’auteur sur la jaquette, en cette époque où l’on échappe de moins en moins à la bobine de l’écrivain en gros plan sur la couverture.
Est-ce de l’autodérision de la part d’Amélie Nothomb dont un portrait, réalisé par le prestigieux studio Harcourt, figure en pleine page de la jaquette de son livre ? Ou est-ce un signe à destination de ses éditeurs qui l’inciteraient à apparaître ainsi à des fins mercantiles ?
Amélie Nothomb, Le voyage d’hiver, Albin Michel, 2009, 144 p, Amazon.