L’absolue perfection du titre ! Encore un de ces titres qui déclenche l’achat d’un livre. C’est ce qui m’est arrivé. Ce titre froid et tranchant m’a tapé dans l’oeil ou dans l’oreille, l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part. Si le titre m’a séduit, l’illustration de couverture a franchement modéré mon enthousiasme. Une rade brumeuse où l’on aperçoit, juste à côté d’un hangar en tôles rouillées, l’avant d’une Citroën C15 – blanche évidemment. Puisque l’on en est toujours à parler du contenant, il faut noter, qu’à l’instar de la collection de livres de poche “Babel” d’Actes Sud, celle des éditions de Minuit, appelée “Double”, est de très bonne facture. Un papier de qualité et une belle mise en page permettent de profiter pleinement du texte sans avoir à écarteler le livre.
Parlons maintenant du contenu. Des petits gangsters de seconde zone vont tenter le casse du siècle. Rien d’original vous me direz. En effet, ce n’est pas là que réside la particularité de ce roman. Elle se trouve plutôt dans la narration qui nous embarque dès les premières lignes. Un phrasé subtil, savant mélange de langage de la rue et d’érudition. Surprenante la narration l’est aussi par d’autres aspects dont le changement de positionnement du narrateur qui n’est autre que le personnage principal du récit. Il nous conte l’histoire tantôt en observateur, à la troisième personne, “Mais il n’a pas craqué, Marin, il n’a pas pleuré […]”, tantôt en s’adressant directement a l’un des personnage “Tu aurais dû pleurer, Marin […]”. Le réalisme est saisissant, on sent le brouillard autour de nous, on craint les réactions de l’imprévisible Marin. Pour ne rien gâter, le suspense est haletant. Un court roman très convaincant.
Tanguy Viel, L’absolue perfection du crime, Minuit, coll. « Double », 2006, 175 p, Amazon.